Délinquants ou malades ?

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Il y a quelque chose de changé au royaume des paradis artificiels en radicale rupture avec l’acceptation de la pathologie elle-même dans sa définition et la manière d’appréhender le fléau qui frappe chaque jour un peu plus, se moquant des frontières et des comportements socio-culturels.L’année 2006 marque en effet une avancée remarquable dans la manière de traiter le mal, qui est “un état psychique résultant de la rencontre entre un médicament et un corps induisant des comportements inhabituels et une dépendance qui va crescendo”, puisque le tout répressif a vécu, avec le choix laissé au toxicomane d’opter pour une cure, des soins, de manifester donc une détermination à s’en sortir et la gêole. La portée d’un tel acte législatif est éminemment importante puisque c’est la vision même du toxicomane qui s’en trouve bouleversée. Il est dorénavant perçu comme un malade qui a surtout besoin d’aide, d’une main secourable…La célébration de la journée mondiale de lutte contre la toxicomanie hier à Béjaïa a été placée sous le slogan “La drogue n’est pas un jeu d’enfant”. Cela traduit d’éloquente manière la façon dont le mal rampant a investi toute les couches de la société, y compris la partie fragile, la plus exposée : la frange juvénile.Le professeur Ridouh, pionnier en la matière, a d’un seul trait situé les quatre axes que l’usage de la drogue emprunte : un problème de santé publique, d’ordre, de sécurité publique et de stabilité sociale.Historiquement, la drogue est aussi vieille que le monde. Homère parlait déjà dans l’Odyssée du pays des Lotophages (mangeurs de champignons hallucinogènes). De même, certains rites primitifs faisaient appel à des substances psychédéliques (avant l’heure et la génération Woodstock). Mais, jamais la drogue n’a pris autant de proportions qu’aujourd’hui au point de devenir un problème planétaire.Notre pays disposait longtemps du statut de pays de transit vers l’Europe. Depuis une vingtaine d’années, il est devenu consommateur. Les drogues prépondérantes sont le cannabis et les psychotropes. Concernant le cas précis des “cachets”, complicité, complaisance et gain facile encouragent l’essaimage de ces substances ravageuses. L’Algérie est traversée d’autoroutes de la drogue à partir du Maroc et d’Afrique sub- saharienne qui, fait grave, passe aussi des drogues dures (cocaïne) pas de grosses quantités certes, mais suffisamment pour payer le voyage.Le trafic de drogue est en connextion éroite avec le crime organisé. Les enjeux générés sont mirobolants et les moyens le lutte souvent dérisoires. Fait encourageant en Algérie, la dynamique qui prend de plus en plus d’ampleur pour dire non à la drogue existe et est appelée à se renforcer avec les nouvelles dispositions de la loi.Citons enfin M. Aïssa Kasmi, directeur de la coopération internationale à l’Office national de la lutte contre la drogue et la toxicomanie qui dira : “La prévention la plus large qui soit, l’information en direction des parents, des jeunes et du mouvement associatif, les passerelles entre générations, voilà autant de programmes à promouvoir si l’on veut freiner le mal et le contenir. La nouvelle définition de la toxicomanie qui, aux lieu et place de déviations et vices, utilise les vocabes de malades de pharmaco-dépendance. C’est-à-dire la rencontre d’un produit, d’un moment socio-culturel et d’une personne est en soi une victoire.”

Mustapha Ramdani

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