A-t-on oublié Si Mohand Oulhadj ?

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Une conférence – débat a été organisée hier, au Centre de presse El Moudjahid, par l’association Machaal Chahid en coordination avec le Centre de presse d’El Moudjahid, sur la vie et le combat du colonel Mohand Oulhadj. Parmi les invités qu’on a pu voir à cette commémoration, on note la présence de sa famille (ses trois fils), ses compagnons de la Révolution, ainsi que quelques personnalités à l’instar de Louisette Ighil Ahriz, l’éminent chercheur, également membre de la Fondation Boudiaf, le Pr Sanhadji.Le premier intervenant était le commandant Lakhdar Bourgaâ, qui a passé en revue l’engagement sans réserve de cet homme. « Sa personnalité, ses qualités lui permirent de gravir rapidement les différentes étapes de la hiérarchie au sein de l’ALN » et d’ajouter qu’ »en 1957 il a déjà suscité l’estime et le respect de tous et à tous les niveaux, d’ailleurs il est nommé adjoint politique du colonel Amirouche ». Akli Moukrane, de son vrai nom, est né a Bouzeguène (Tizi Ouzou) en 1911, issu d’une grande famille de forgerons et de fellahs. Malgré leur faible revenu, ses parents ont tenu à le scolariser à l’école. Il se distingua brillamment parmi ses camarades par son comportement, son intelligence, son éducation et fut fortement apprécié par ses enseignants. Il est décédé le 2 décembre 1972 à l’âge de 61 ans et enterré sur sa demande aux côtés des siens dans son village natal à Bouzegane.Les combattants le surnommaient, en marge de la hiérarchie, Amghar, vieux, non pour son âge mais pour la sagesse qu’il incarnait. D’ailleurs, même l’armée française n’est pas restée indifférente devant les capacités d’action et de mobilisation de cet homme dans le combat libérateur.Pour sa part, Aissani Amar, officier à la wilaya III, a déclaré qu’un jour, il se trouvait au PC (poste de commandement) de la wilaya III, chargé de l’intérim (le colonel Amirouche était en mission en wilaya II), l’ennemi a tenté de l’éliminer en utilisant les mêmes procédés que pour Moustafa Ben Boulaid, une batterie de radio émetteur piégée qui a explosé au moment de son utilisation, entraînant la mort de trois opérateurs, le blessant grièvement lui-même ainsi que le lieutenant Abd El Hafid Amokrane. Malgré son état de santé, le colonel Amirouche lui a confié en mars 1959 l’intérim de chef de wilaya, lui qui était en mission en compagnie de Si El Haouas pour la Tunisie et qui tombèrent au champ d’honneur à Boussaâda. Fonction qu’il continuera à assumer sans interruption jusqu’à sa promotion au grade de colonel-chef de la wilaya III. « C’est une lourde tâche qui venait de lui être confiée au moment où le combat était à la croisée des chemins », a-t-il ajouté. D’abord, la mort de Amirouche a fait l’objet d’une importante campagne psychologique, et des moyens très importants ont été déployés par l’armée française en ce sens. Il fallait faire face rapidement pour remonter le moral des djounoud et de la population, tout en rappellant ce fameux mot d’ordre lancé par le commandant « nous sommes tous des Amirouche », qui a balayé rapidement monts et plaines, villes et villages.Quant à son fils, Akli Mohand Said, pris par l’émotion, il n’a pas trouvé de mots à prononcer, et témoigne que son père a toujours été un fervent défenseur de l’unification et d’une Algérie indépendante au détriment de tous les enjeux politiques. Interrogé sur la position de son père par rapport au conflit entre Ait Ahmed et Ben Bella, l’orateur a répondu que « ce conflit n’a pas laissé son père indifférent. D’ailleurs après une réunion avec Ait Ahmed pour essayer de sauver le pays qui était dans l’impasse, le président Ben Bella lui a envoyé un télégramme, lui suggérant de le nommer premier général de l’Algérie indépendante, pour l’avoir absolument à ses côtés ». Chose que le colonel Mohand Oulhadj a refusé catégoriquement.

Ziyad Demouche

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