Retour sur une ville singulière

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A 339 km à l’ouest d’Alger se trouve Mostaganem, l’une des plus importantes villes côtières d’Algérie. Elle compte aujourd’hui 10 daïras avec 32 communes, et dispose de 19 plages sur une côte de 150 km. Chaque année elle reçoit des millions d’estivants venant des quatre coins du pays. Rien que l’année passée elle a vu l’arrivée de près de 6 millions de touristes. Ceci est dû sans doute à la qualité de ses services mais aussi à la sécurisation de ses plages. En effet, chaque plage dispose d’un poste de gendarmerie veillant à la sécurisation des estivants. Mostaganem garde toujours sans caractère ancien même et si les édifices de la ville sont neufs, elle s’est ouverte à la modernité avec la création de nouvelles infrastructures économiques et culturelles. Elle est caractérisée également par son patrimoine culturel particulier, cela se remarque par le nombre de maisons et centres de culture. Elle abritera notamment le festival national du théâtre amateur du 12 au 17 du mois en cours. Au cours d’un week-end effectué avec les services de la gendarmerie, nous avons pu découvrir certaines villes et plages de cette région. La forêt de Mazaghrane, nature délaissée Située à 6 km à l’ouest du centre-ville de Mostaganem et sur les hauteurs de Sidi Belkacem, s’étale l’immense forêt de Mazaghrane. Une nature magique et pittoresque qui laisserait ses visiteurs respirer l’air pur loin de la pollution de la ville, mais cela est loin d’être vrai. Elle est transformée en un lieu de décharge et d’ivresse. Le manque de moyens, de sécurisation et d’infrastructures a fait malheureusement que cette surface boisée est loin d’être fréquentée par les familles où les estivants. Elle est plutôt réservée aux délinquants et alcooliques qui viennent passer de longues heures dans cette forêt livrée à elle-même. Selon les témoignages du village riverain  » Hay El Djedid « , cette zone n’est pas sécurisée, c’est pour cette raison qu’elle ne reçoit pas de visiteurs ni de familles.Sablette, plage féeriqueL’une des plus fréquentée par les estivants, la plage Sablette reçoit chaque année des millions de vacanciers, elle comporte deux postes de gendarmerie qui surveillent la plage, jour et nuit. Ce jeudi là vers 19 h, la plage était submergée. « Vous n’avez rien vu, il faut venir au mois d’août, on ne trouve même pas une place où se mettre », nous dit un des vacanciers. En face de cette plage, des tentes sahariennes juxtaposées l’une à l’autre, des restaurants, des cafétérias sont alignés, une ambiance conviviale règne tout au long de cette rue qui regroupe des gens de tous âges. Au moment où nous nous rendant sur place avec les services de la gendarmerie et de police, nous avons remarqué qu’une bonne partie de cette plage était jonchée de bouteilles d’alcools vides. Nous quittons la plage, en chemin nous croisons des cortèges de mariages notamment du côté de Sidi Belkacem, il s’est avéré qu’une tradition sacrée à Mostaganem fait que chaque mariée doit visiter le mausolée du « saint Sidi Belkacem » avant sa nuit de noces. A Salamandre, une autre plage du côté Ouest, le décor est pratiquement le même que celui de la Sablette.Centre de pauvreté « Cité El Wiaam » L’un des points noirs à voir, de Mostaganem, où l’on retrouve les plus grands délits (consommation de drogue, violations de domicile,…) est situé à quelque 300 km du centre-ville. Les habitants sont issus des différentes wilayas voisines, généralement, ce sont des familles victimes du terrorisme, au nombre de 400. La construction des édifices est très anarchique, nous avons rencontré des enfants dans la rue, vêtus d’une manière malpropre, pieds nus, ils font peine, leur regard reflète la misère et la pauvreté dont ils souffrent, en s’approchant de l’un d’eux âgé de 6 ans, il nous fait savoir qu’il a quitté l’école et qu’il travaille comme vendeur de poisson « je préfère travailler car je rapporte de l’argent à ma famille, vu que l’on est dans le besoin » nous dit-il. Ces enfants étaient attirés par les journalistes et se sont précipités pour leur parler de leurs problèmes. Les citoyens sont frustrés par les conditions de vie qu’ils mènent, les jeunes ne trouvent aucun centre de loisirs, leur seule préoccupation du moins pour le moment est le Mondial « heureusement qu’il y a cette Coupe du monde, on ne trouve même pas comment tuer le temps », nous dit un des jeunes du quartier. Les services de gendarmerie leur ont distribué des casquettes et des pulls, ce qui leur a fait très plaisir. Nous quittons la région de Mostaganem avec la promesse d’y revenir un jour. Pour y découvrir d’autres quartiers et plages.

Wahiba Ait Youcef

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