Vacances, commérages et regrets

Partager

Entrer dans la vie active, quel bonheur ! C’est aussi un privilège à l’heure où la vie de chômage fait un ravage. Mais décroche-t-on toujours le job pour lequel on se croyait prédestiné ? Pas toujours évident ! Parce qu’ils n’ont pas eu la chance de réussir dans leurs études ou qu’ils ont raté un concours décisif, beaucoup de nos jeunes ont dû mettre une croix sur le métier dont ils ont souvent rêvé. Quand on ne peut pas faire ce qu’on peut, on garde les pieds sur terre et la tête dans les nuages. La question incontournable que les parents aiment poser à leur progéniture est la suivante : “Quel métier aimerais-tu exercer plus tard ?” Pour les petits garçons, attirés par les plus beaux uniformes, la réponse est vite trouvée et souvent la même : marin, pilote, policier etc… Quant aux petites filles, elles veulent devenir hôtesse de l’air, institutrices, avocates ou médecins. Quant il était petit, Samir (professeur de français dans un lycée à LNI) n’avait qu’un seul mot à la bouche ; devenir pilote. “Je collectionnais des petits avions en plastique, et je créais mon propre univers en les faisant décoller et atterrir dans la cour de notre maison… A chaque fois que mon père me demandait de choisir un jouet à l’occasion de fêtes, je répondais inlassablement “je veux un avion””. Samir a grandi en caressant le rêve de devenir un jour pilote. Quelle sensation de puissance on doit ressentir en pilotant cette énorme machine dans le ciel ! Et toutes ces vies humaines qui dépendent de vous ! “Ça m’a toujours fasciné au lycée, mais mes notes en maths et physique étaient lamentables. Alors j’ai vite déchanté”. A présent Samir enseigne le français aux élèves dans un lycée de LNI, en gardant les pieds sur terre, mais quand un avion passe, il a la tête dans les nuages, “il plane”, dit-il. Si elle avait pu réaliser son rêve, Nassima (32 ans infirmière) aurait peut-être pu un jour être à bord de l’avion piloté par Samir. “Le plus beau métier pour moi, confie-t-elle, c’est celui d’hôtesse de l’air. Ça rime avec élégance, charme, indépendance, voyage… Ne pas avoir d’horaire, vivre dans les airs, découvrir d’autres horizons, ça me grisait durant mon adolescence, je me suis accrochée à ce rêve, j’ai passé un concours, mais j’ai échoué”. Malgré les années qui ont filé, et la famille qu’elle a fondée, pour Nassima, il subsiste au fond de son cœur un pincement, un goût de frustration, de quelque chose d’inachevée d’un rêve irréalisable nous dit-elle, en ajoutant que “lorsque je voyage par avion, je regarde avec admiration les hôtesses de l’air qui vont et viennent et je ne peux m’empêcher de penser ceci : Ah ! Ce que j’aurai aimé être à leur place !” Quant à Karim, architecte, il regrette de ne pas être né au Brésil. “Devenir un footballeur professionnel, était ma plus grande passion”. Pour cet architecte, l’envie d’exercer ce métier remonte, avoue-t-il à son 6e anniversaire. “Ma mère m’avait offert ce jour-là un vrai ballon de foot. J’allais et venais en tapant dessus, dans la cour, en imaginant des applaudissements des spectateurs. J’en ai eu des bosses à force de courir, mais je me suis toujours accroché à ce rêve, même s’il est utopique de devenir un champion”. Si certains n’ont pas choisi leur métier d’autres ont vu leur rêve s’accomplir” être sur le terrain, à l’affût de la moindre info, bouger, me déplacer, communiquer s’est mon métier”, déclare Hocine (reporter dans un journal indépendant). “Je ne peux pas m’imaginer une seconde rester enfermé derrière un bureau entre quatre murs huit heures d’affilée. J’aurai rendu l’âme au bout de la 1re heure. Mon “truc” à moi, c’est d’être dynamique, bourlinguer, recueillir des informations à chaud, à la source. C’est un vrai métier de communication que j’assume entièrement. Je ne fais pas de gros efforts. C’est dans le sang ! J’adore mon boulot, et ne l’échangerai contre un autre pour rien au monde”. A méditer cette citation de Baudelaire, “Il faut travailler, sinon par goût au moins par désespoir puisque tout bien vérifié, travailler est moins ennuyeux que s’amuser”.

S. K. S.

Partager