La Dépêche de Kabylie : Le président de la République s’est montré très sévère à l’encontre des écoles privées qu’il a même menacées de fermeture si elles ne s’alignaient pas au cahier de charges, surtout concernant le point relatif à l’enseignement en langue arabe. Quel commentaire faites–vous ?ll M. Handala Mokrane : Le Président a été, en effet, clair sur ce point-là. Il a parlé de l’enseignement en langue arabe, chose qui ne nous dérange guère puisqu’on l’applique déjà. En moyenne, nous dispensons de 7 à 9 heures de langue arabe par semaine. Cela sans oublier les matières qui ont trait à l’histoire et à la géographie qui sont enseignées également en langue arabe et ce, pratiquement, dans toutes les écoles. Cependant, ce que je dois dire et dont je suis convaincu, c’est que l’accès au savoir universel ne peut se faire qu’en langues étrangères. Ces dernières sont des outils incontournables. Et je pense que le Président n’est pas contre la promotion des langues étrangères puisque lui-même, devant un parterre d’étudiants, a insisté sur la nécessité de l’ouverture sur ces langues.
Vous dites que l’accès aux connaissances est plus facile en langues étrangères qu’en arabe. Pourquoi ?ll La conjoncture actuelle qui se caractérise par cette ère de la mondialisation nous impose de dispenser les nouvelles technologies en langues étrangères. C’est plus maîtrisable. Et puis, l’expérience nous a montré qu’il est impératif d’enseigner les matières scientifiques en langues étrangères dès les premières années scolaires, sachant qu’à l’université, c’est dans les langues étrangères qu’elles sont dispensées. Je suis professeur d’université et je sais de quoi je parle. Je vous assure que nous avons rencontré des entraves avec certains étudiants qui ne maîtrisent pas la langue française. Et puis, il faut également soulever les problèmes liés au manque d’outils de travail tels que la documentation. Le peu qu’il y a c’est soit en français soit en anglais. Dans le cahier des charges que le ministère de l’Education a établi et que vous êtes tenus de respecter dès le mois de septembre prochain il est inscrit également l’application du programme de l’éducation nationale. Alors que nous savons pertinemment que certaines écoles appliquent les programmes français. Qu’en pensez-vous ? ll Même si nous appliquons des programmes spécifiques cela ne veut pas dire que nous nous sommes éloignés du fascicule de l’école publique. Nous les avons confectionnés selon les exigences des parents d’élèves qui nous ont fait confiance et en prenant compte, bien sûr, l’aspect identitaire et historique de notre pays. D’ailleurs, l’objectif ou la priorité assignés à nos programmes c’est de permettre à nos élèves de se forger et de se construire leur identité algérienne et ce, à travers certaines matières que nous leur assurons telles que l’histoire et tamazight. Pour ce qui est du programme CNED, c’est-à-dire le programme français, je tiens à vous dire que ceux qui l’appliquent ont choisi les aspects qu’ils ont jugé bons et constructifs pour l’intérêt de l’élève. Notre objectif est de former des algériens compétents. Dans ce sens, j’ajoute que si le ministère de l’Education a fait appel à des experts français ou à des Belges, cela ne veut pas dire qu’ils vont former des enfants français. A vous entendre, nous avons l’impression que les mises en garde de M. Bouteflika ne vous préoccupent pas…ll Franchement, je considère que nous travaillons dans l’intérêt de nos élèves et également de notre pays. Au risque de me répéter, je dois dire que je suis convaincu que dans la phase actuelle, les langues étrangères constituent l’élément primordial pour l’accès direct aux connaissances universelles.
Propos recueillis par Wassila Ould Hamouda