Par Anouar Rouchi
– Allo ? Monsieur…- Arrêtez ! Ne prononcez pas mon nom. Je sais qui vous êtes.- Ah bon ?- Oui. Vous êtes Djamel dit l’Horloger, reporter au périodique Le Midi à 14 heures…- Tout à fait. Mais vous m’avez accordé cette interview et maintenant vous ne voulez même pas que je prononce votre nom… Pourquoi ?- Le principe de l’interview est toujours acquis. Mais je tiens à ce qu’elle soit anonyme.- Mais alors quel intérêt pour nos lecteurs de lire des propos dont l’auteur n’est pas identifié ?- Les lecteurs… Les lecteurs… Vous ne trouvez pas que vous les gâtez en leur servant tout ? Qu’ils se creusent donc un peu la cervelle !- D’accord, mais il faut quand même qu’ils sachent qui dit quoi pour qu’ils se fassent une idée de chacun.- Pensez-vous ! Si tout le monde sait qui dit quoi et qui fait quoi, où allons-nous ?- C’est pourtant un minimum, même dans un simulacre de démocratie.- C’est là que vous vous trompez. Moins le peuple en sait, mieux il se porte.- Je n’en suis pas convaincu.- Prenez un individu atteint d’une maladie incurable mais qui ne lui occasionne pas de douleur. Pensez-vous qu’il est plus heureux s’il apprend sa maladie ?- Certes non. Mais quel rapport avec notre sujet ?- Quel rapport ? Mais monsieur, l’Etat est malade, la société est malade, le peuple est malade…- Quand bien même ce serait vrai, ne faut-il pas précisément diagnostiquer le mal et tenter de le guérir ?- Que nenni ! C’est incurable, monsieur !- Il n’ y aurait donc rien à faire ?- Si. Continuer de faire semblant.- Ah ?- Oui. Les gouvernants font semblant de gouverner, les gouvernés font semblant de s’intéresser aux gouvernants, les travailleurs font semblant de travailler, l’Etat fait semblant de les payer, etc., et tout le monde est content !- Tout le monde est content, c’est trop dire. Surtout que le terrorisme islamiste sévit encore. A propos vous êtes de ceux qui préconisent la prolongation de l’application de la loi sur la paix et la réconciliation nationale au-delà du 31 août…- Là aussi il y a maldonne. Les terroristes font semblant d’être des terroristes…- Mais les bombes et les assassinats sont bien réels ?- Comme pour tout le reste, ce n’est qu’un jeu.- Je ne comprend pas qu’on puisse qualifier de jeu…- Prenez l’exemple du Mawlid ennabaoui. Pouvez-vous empêcher les bambins des s’amuser avec des pétards à cette occasion ?- Je ne vois pas le rapport…- Eh bien, les adultes ce ne sont que des bambins qui ont grandi. Ils s’amusent aussi. Avec des moyens en rapport avec leur âge.- Franchement, vous arrive-t-il de penser aux victimes ?- J’ai dit que le peuple est malade. Il a des penchants suicidaires. Sinon pourquoi aller rôder autour des bombes ?- Vous êtes intraitable, monsieur ! Et dire que vous êtes au gouvernement !
A. R.