Par Anouar Rouchi
Maintenant que c’est le secrétaire général du FLN et non moins ministre des Affaires étrangères qui a annoncé l’imminence d’un remaniement du gouvernement, la chose semble entendue. Comme à chaque approche d’un tel événement, les pronostics vont bon train et les communications téléphoniques connaissent une hausse sensible, au grand bonheur des opérateurs du secteur.La moitié du cheptel politico-administratif est ainsi nominée par la rumeur publique pour siéger au gouvernement. Il convient d’ailleurs de relever que pronostiqueurs et décideurs se fondent sur la même approche erronée. La nature éminemment politique de la fonction ministérielle est ignorée par les uns et les autres et l’on continue de penser qu’il faut, par exemple, être médecin pour prétendre au portefeuille de la santé. Rien n’est moins fondé ! En effet, si l’on pousse plus loin le raisonnement, on pourrait conclure qu’un malade à la tête de ce département serait encore plus judicieux, sinon plus légitime. Cette vision technocratique qui dévalorise incontestablement la fonction politique révolte plus d’un, à commencer par un conseiller du palais d’El Mouradia qui a décidé d’en faire part au maître des lieux, poussant l’audace jusqu’à avancer quelques suggestions.Le conseiller : M. Le président, depuis votre arrivée à la tête de l’Etat, vous passez à juste titre pour un “briseur” de tabous. Il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. A l’occasion du prochain remaniement ministériel, je vous préconise de procéder de manière originale.Le président : Je veux bien… mais que proposez-vous ?Le conseiller : Il faudrait des nominations qui surprennent vos soutiens, désarçonnent vos détracteurs et épatent les chancelieries.Le Président : Tout cela est bien. Mais comment ?Le conseiller : Prenons le cas des finances. Les 40 milliards de dollars de réserves de change démangent et dérangent beaucoup de monde. Nommez donc Moumen Khalifa à ce poste. Il vous en débarrassera en un rien de temps. De plus, vue la haine qu’il vous voue, cela donnerait du sens à la réconciliation.Le Président : Tiens, tiens…Le conseiller : Autre exemple : la jeunesse et les sports. Pourquoi voulez-vous que le titulaire de ce portefeuille soit jeune ? “Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait…”, dit l’adage. Pourquoi ne pas nommer à ce poste le doyen des Algériens, c’est-à-dire celui qui sait le plus ? Il a 102 ans, bon pied bon œil. De plus il est de Tebessa… Tout ceux qui vous accusent de régionalisme en prendraient pour leur grade.Le Président : C’est original, en effet.Le conseiller : Pour le ministère de la Défense, Il faudrait un civil. J’en connais un qui est propriétaire de la plus grande pépinière du pays. Imaginez que tous les matins, chaque soldat de l’ANP reçoive une fleur fraîche à accrocher au bout de son fusil… Vous apparaîtriez définitivement comme un homme de paix. A vos côtés, le Mahatma Gandhi ne serait qu’un militaire belliqueux…Le Président : Ça, c’est franchement décapant !Le conseiller : J’ai pensé aussi à la création d’un nouveau ministère, chargé de l’amnistie générale. Je connais quelqu’un qui a été gravement blessé par les GIA et qui est resté 10 ans dans un coma profond. A son réveil, il a complètement perdu la mémoire. Ce serait un ministre tout indiqué…Le Président : Je vous remercie pour vos conseils avisés. Vous me donnez une idée pour le ministère de la Culture. J’y nommerai un inculte pour faire original et franchement, je ne saurais trouver mieux que vous.
A. R.
