La chancelière allemande Angela Merkel a regretté lundi que le Prix Nobel de littérature Günter Grass n’ait pas révélé plus tôt son enrôlement chez les Waffen-SS, le sujet de son autobiographie parue la semaine dernière. »J’aurais souhaité que nous eussions été informés complètement sur sa biographie dès le début », a-t-elle dit lors de sa conférence de presse à Berlin marquant sa rentrée politique. « Je ne suis pas étonnée que les critiques fusent après l’aveu tardif de cette donnée biographique, car Grass a toujours été prompt à prendre position sur d’autres sujets », a-t-elle remarqué, s’exprimant publiquement pour la première fois sur ce sujet qui défraie la chronique depuis plus d’une semaine en Allemagne. Avec sa confession au soir de sa vie d’avoir appartenu à la fin de la guerre aux Waffen-SS alors qu’il était encore adolescent, Günter Grass s’est attiré les foudres de nombreux éditorialistes et intellectuels, d’autant que lui-même s’érigeait en censeur d’une partie de la classe politique de la RFA d’après-guerre, dont il dénonçait le silence sur ses compromissions passées avec le nazisme. Angela Merkel, originaire de l’ex-RDA communiste, a ajouté avoir « de toute façon une opinion très différente » de celle de Grass sur l’histoire allemande, et en particulier sur la Réunification de 1990, dont elle a été une fervente partisane. Günter Grass l’avait lui décriée, craignant qu’elle ne mène à la résurgence d’une hégémonie allemande en Europe.
