Les universités de l’inutile

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Par Anouar Rouchi

“Qu’on nous dise ouvertement que la situation est si mauvaise que cela, qu’on reconnaisse publiquement que l’état d’urgence est encore réellement nécessaire…” Ce sont là des propos de Boudjerra Soltani, ministre d’Etat et premier responsable du MSP, le parti islamiste de l’Alliance présidentielle, à l’occasion de l’ouverture de l’université d’été de son parti. Entre autres points de désaccord avec ses partenaires et le gouvernement il soulignera, en particulier, “le regard paternaliste sur la société des responsables qui pensent que les richesses nationales sont une propriété du gouvernement qu’ils gèrent comme ils l’entendent” en laissant “la voie libre à la dilapidation des deniers publics”.A notre tour de poser quelques question à monsieur le ministre d’Etat :1- Qui c’est ce On ?2- Un ministre d’Etat est-il soumis au devoir de réserve ?3- L’université d’été d’un parti au gouvernement peut-elle se substituer à un conseil du gouvernement?4- Comment fait-on pour être à la fois dans le pouvoir et dans l’opposition ?5- Comment peut-on s’opposer à la prorogation des délais de la Charte sur la paix et la réconciliation nationale tout en préconisant de faire bénéficier les terroristes de ses dispositions au-delà de ces délais ?6- Comment est-il possible de rejeter la révision constitionnelle tout en affirmant approuver l’amendement de certaines dispositions de la loi fondamentale ?7- Bref, qu’il nous dise ouvertement, franchement, sincèrement, sans détour et sans langue de bois, en nous regardant droit dans les yeux et en utilisant un arabe accessible à tous : de qui se moque-t-il ?Son compère, Belkhadem, n’est pas en reste. Le chef du gouvernement, qui jure qu’il n’a pas de velléités de gouverner, chef des redresseurs du FLN puis chef du FLN “amalgamé” a, lui, le mérite d’être clair dans ses propos devant l’université d’été de son parti. Il dévoile sans ambages sa nature, ses choix et ses desseins.Il se prononce ouvertement pour la prorogation des délais d’application de la Charte sur la paix et la réconciliation nationale. Entendez par là que les terroristes pourraient ainsi continuer, en toute quiétude et en comptant sur la mansuétude et la générosité de l’Etat, à poser leur bombes, trucider des soldats et des policiers, dépouiller les honnêtes gens, déshonorer des familles…et, pourquoi pas, revenir nous chanter, en toute liberté et en toute légalité leur air préféré de “Alayha nahya, alayha namout”… Sur un autre registre, mais il n’est autre que d’apparence, le chef du gouvernement affirme n’avoir jamais apprécié une victoire comme il apprécie celle du Hezbollah libanais. Remarquez bien : il parle de la victoire du Hezbollah et non du peuple libanais et il aura raison. Car, avec des milliers de morts et de blessés, plus de six milliards de dollars de perte, une économie qui recule de 15 ans, une catastrophe écologique et humanitaire gravissime, le peuple libanais… C’est là qu’il faut reconnaître l’attachement de Belkhadem à ses convictions, à ses amitiés et à ses engagements. Il suffit, pour s’en convaincre, de savoir que le Hezbollah n’est qu’une espèce de poste avancé de l’Iran des Mollahs en terre libanaise…

A. R.

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