Accueil triomphal pour Cherif Kheddam à Béjaïa

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C’est sous un tonnerre interminable d’applaudissements et de salves de youyous stridents que le monument de la chanson kabyle, Cherif Kheddam est monté jeudi dernier vers 9h45 sur la pelouse du stade de l’Unité maghrébine à l’occasion de son méga-concert organisé pour, d’une part, commémoré le 5e anniversaire du congrès de la Soummam et, d’autre part, pour célébrer 50 ans de carrière de l’artiste au service de la musique et de la chanson.Les quelques 5 000 hommes et femmes présents dans les tribunes du stade se sont tous levés pour accueillir comme il le mérite, en applaudissant à tout rompre, le maestro de la chanson kabyle moderne.Le maître, après s’être débarrassé du burnous, dont les autorités locales, qui l’ont accompagné sur scène pour lui souhaiter santé et longue vie, lui ont couvert les épaules, lève les bras en signe de victoire pendant que l’orchestre philarmonique que dirige l’autre maître Mokhtar Boudjellida, entame l’air de la première chanson de gala que l’enfant d’Aït Boumessaoud, en qui sont enfilées 50 ans d’expérience de chansons et de scènes, va interpréter avec virtuosité au grand bonheur des spectateurs qui n’arrêtent pas d’applaudir et de tonner : “Da Cherif ! Da Cherif !”La chanson qui a trait aux montagnes qui ont vu naître l’artiste, rappelle avec nostalgie la jeunesse et la douceur de vie à l’époque où l’homme aux cheveux blancs gambadait dans les champs de ses parents.Vif, dynamique, debout devant son micro, le chanteur n’arrêtait pas de se retourner en direction de l’orchestre et du chef d’orchestre et de leur faire des signes sans doute pour une meilleure synchronisation des instruments à sa voix.A la quatrième chanson, il demandera cependant qu’on lui apporte une chaise pour s’y reposer seulement pendant les courts interludes qui séparent deux chansons. Lorsque, au beau milieu du spectacle, arrive le tour de Bgayet telha dhe rouh n’lekbayel, chanson qu’il a écrite et chantée au commencement de sa carrière, avant même, selon certains, de connaître Béjaïa, et qu’il interprète maintenant en fin de carrière sous le ciel étoilé d’un d’août finissant et le regard amusé de Yemma Gouraya du stade de l’Unité maghrébine où la verdure de la pelouse apporte une note de fraîcheur et où souffle une brise agréable qui arrive du Nord après avoir caressé les flancs de la sainte patronne de la ville, c’est toute la tribune qui se lève, qui applaudit et qui chante à l’unisson avec l’artiste. C’est dire toute la reconnaissance des enfants de la capitale des Hammadites au maître de la chanson kabyle. Pour sa part, celui-ci bien qu’il ait réservé, dit-on, la meilleure place de son cœur à Rouh n’lekbayel, n’y séjournent que très rarement. En tout cas en ce qui concerne les galas qu’il y a donnés, ils se comptent sur les doigts d’une seule main et le dernier en date remonte, selon ses propres aveux, à plus de 30 ans.Deux heures et quart durant, l’octogénaire que beaucoup croyaient épuisé, a chanté debout de sa voix suade et mélodieuse, plus de 20 des meilleures chansons au grand ravissement de ses fans qui se sont déplacés, nombreux, non seulement de Béjaïa et de la vallée mais aussi de toute la Kabylie et même d’Alger.Parmi son répertoire qui comprend quelques 400 chansons, l’artiste a choisi celles qui retracent l’itinéraire de sa vie et de celles et ceux de sa génération, c’est-à-dire naissance au village, apprentissage des versets coraniques, travaux des champs, mariage, émigration, allers et retours annuels au moment des congés entre le village et l’usine, la mine ou la fonderie et à la retraite, retour définitif au village attendant avec patience que le Très Haut le rappelle auprès de lui.D’ailleurs, sans les textes de chanson de Cherif Kheddam, beaucoup retrouvés à peine transcrits en Kabyle et arrangés pour les besoins de la rime les précepte enseignés dans le saint coran, que le chanteur a apris des son jeune âge, d’abord son village natal ensuite à la zaouia de Boudjellil.Au cours de ce concert, événement que le maestro a tenu à organiser au crépuscule de sa carrière à Béjaïa, d’autres vedettes de la chanson Kabyle ont mis un point d’honneur à y être de la partie pour rendre hommage et de son vivant au grand maître de la chanson Kabyle moderne.Les vedettes qui ont animé la scène en début de soirée sont : Karima qui a rayonné en chantant en exclusivité deux chansons du prochain album de Cherif Kheddam, Djamel Allam qui a enflammé le public avec sa chanson culte Mara Adyoughal et Ahcène Abassi, un dinosaure qui revient sur scène après plus de 25 ans d’absence.

B. Mouhoub

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