L’ombre de la grève plane toujours

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A la veille de la rentrée universitaire et après plus d’un mois de suspension de la grève nationale ouverte, les représentants des sections syndicales des 19 établissements en grève se sont réunis les 28 et 29 août dernier à Alger.Suite à un large débat portant sur l’évaluation de la situation, la coordination nationale, « appelle les enseignantes et les enseignants, à reprendre le mouvement de grève conformément aux votes des assemblées générales du 22 juillet 2006 et à organiser immédiatement des assemblées générales pour débattre de la mise en œuvre des perspectives du mouvement de grève ». Une réunion du CNES est d’ores et déjà prévue le 7 septembre en cours.Les enseignantes et enseignants en grève ont attendu des réponses concrètes et « sérieuses » à leurs revendications, « au delà du préalable de la levée des poursuites judiciaires ». Selon une déclaration parvenue à notre rédaction, les représentants coordinateurs de l’ouest et du centre, Mustapha Mechab et Farid Cherbal, sont toujours sous le coup des poursuites judiciaires, et l’instruction est en cours. Le délégué de Béjaia Mohand Saddek Akrour continue de subir un harcèlement judiciaire alors que leur collègue Bessila Khaled de Constantine est encore sous le contrôle et les poursuites judiciaires. De plus, Mustapha Mechab a été auditionné à deux reprises par le juge d’instruction alors que Farid Cherbal l’a été également le 30 août 2006. Les enseignants en grève attestent dans leur déclaration qu’il leur est impossible de négliger « l’ingérence » dans le syndicat, par appareil judiciaire interposé, de M. Baaba Ahmed, recteur de l’Université de Blida. Selon les grévistes, ce dernier a procédé au gel de la section et à l’interdiction des activités syndicales, et a porté atteinte au droit syndical, un droit qui est normalement « garanti par la constitution ».En outre, les grévistes ajoutent qu’à Béjaia le recteur, M. Merabet Djoudi, de son côté persiste à poursuivre en justice sept de leurs collègues dont des délégués, « confirmant ainsi son zèle particulier à harceler les enseignantes et les enseignants en grève de l’université Abderahmane-Mira de Béjaia ». Ils ajoutent que « les chefs d’établissements de l’université de Tiaret, M. Hadj Zoubir Nasr Eddine, et de l’ENS de Bouzaréah, M. Henni Abdelkader, à contre courant de tous les autres recteurs, ont délibérément refusé de payer le mois d’août (mois de congé annuel) en violation des lois régissant la relation de travail ». La Coordination nationale « appelle les enseignantes et les enseignants à réfléchir à toutes actions d’envergure nationale en mesure de renforcer le mouvement de grève afin de faire aboutir leurs revendications, et met en garde le ministre de l’enseignement supérieur sur l’utilisation par certains chefs d’établissement des éléments du personnel de contrôle et sécurité comme milices pour freiner le mouvement de grève », sachant que la réglementation concernant ces personnels interdit explicitement leur intervention dans les conflits sociaux. « Le ministre et ses chefs d’établissements seront tenus pour responsables de tout dérapage résultant de cette utilisation », déclarent les membres du CNES. Et de s’interroger : « Cette gestion différenciée et contradictoire du mouvement de grève, par les chefs d’établissement s’apparentant à une gestion anarchique et chaotique ne traduit-elle pas une incapacité, voire même une démission du ministre devant ses responsabilités ». Plus de 200 000 étudiants sont bloqués faute d’examens et l’aveu de la tutelle sur les 100 000 étudiants bloqués « n’est qu’un mensonge de plus » pour occulter l’ampleur de la grève. La responsabilité de cette catastrophe annoncée, épaissie par l’injection de 220 000 nouveaux bacheliers, « incombe totalement au ministre qui s’entête à tourner le dos aux revendications des enseignantes et enseignants et à leurs légitimes représentants dûment mandatés ».La Coordination nationale, « soucieuse de débloquer cette situation, demande à être reçue par le chef du gouvernement et lui permettre de contribuer à une issue salutaire à cette crise de l’Université. »La programmation d’une Université d’été suivie d’un conseil national, par M. Boukaroura, coordonnateur National réprouvé par les enseignantes et les enseignants en grève, au moment même où le CNES appelle à la reprise de la grève, ne pourra occulter la crise de l’Université depuis la grève du 13 mai et entamer la détermination des enseignantes et des enseignants à lutter pour la levée des poursuites judiciaires et la plateforme revendicative, et décide dans ce cadre d’appeler à un report de la réunion du conseil national prévu le 4 septembre 2006.Au-delà des situations différenciées des sections du CNES et des enseignantes et enseignants dans les différents établissements, la coordination nationale les appelle à rejoindre le mouvement de contestation et à en faire un moment fort de solidarité et d’unité dans le combat pour la satisfaction de ses revendications et pour une université meilleure.

Kahina Oumeziani

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