Le bon, le moins bon et le pire

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Par B. M’hanna

A l’origine, la commune de Yattafen était un douar rattaché à l’ex-commune mixte du Djurdjura qui date d’avant l’Indépendance. A cette époque, elle était dotée de deux centres municipaux qui fonctionnaient sous les ordres d’un caïd. En 1985, et dans le cadre de la loi 84-09 du 04 février 1985 portant réorganisation territoriale du pays, elle fut « extraite » de l’ex-commune de Tassaft (qui comprenait Iboudraren, Yattafen et Akbil) pour devenir elle-même une commune « autonome » dépendant de la daïra des Ouacifs et relever depuis 1990 de la daïra de Beni Yenni, qui est elle-même une subdivision administrative de la wilaya de Tizi Ouzou. Depuis 1985, elle a gardé comme chef-lieu le hameau Souk El Had qui était aussi chef-lieu de l’ex-commune de Tassaft, cela depuis la construction des 24 logements et du siége de l’APC. Ce chef-lieu qui, il y a seulement quelques années, était presque vide, la population de la commune de Yattafen étant concentrée dans les villages initiaux, Ait Saada et Ait Daoud -de cette commune- qui ne sont que les noms des enfants (Saada et Daoud) du fondateur de ce arch, en l’occurrence Attaf, est devenu plus peuplé depuis la réalisation d’autres logements sociaux.Avec ses deux villages, la commune de Yattafen était destinée à être une commune modèle et sans problèmes depuis longtemps, au vu de sa spécificité (composée de 2 villages) et l’étroitesse de son territoire, malheureusement « le manque ne veut décidément pas la quitter », cela au vu de la gestion anarchique surtout après son classement au rang de commune. Pourtant c’est une commune qui ne cumule pas de dettes ou de problèmes, selon le maire qui nous dira : « A notre arrivée, la situation financière de la commune était sans souffrance puisqu’il n’avait que quelques situations impayées (155.083.62 DA) ainsi que les passations de consignes qui ont un peu tardé, mais après, tout est rentré dans l’ordre », sachant que la commune était dirigée par deux administrateurs successifs de 2002 à 2005. Comme il est aussi important de signaler que la majorité du matériel acquis et des projets de 2006 sont l’œuvre de ces mêmes administrateurs.En effet, la frange qui ressent le plus ce manque n’est autre que la jeunesse, cela malgré l’existence d’une salle polyvalente, de deux aires de jeu (une pour chaque village) et d’un « stade », situé au chef-lieu de la commune. Sur cette frange, le président de l’APC, Ait Ali Abdelkader, nous dira : « Notre jeunesse ne veut pas s’organiser, j’ai personnellement contacté individuellement ces jeunes pour se constituer en association ou relancer celles existantes déjà, mais il n’y a pas de volonté. Même pour constituer un CCS (conseil communal des sports) aucun écho de la part de nos jeunes ». Du côté de ces jeunes, on nous rétorquera : « Comment voulez–vous qu’on attende quelque chose d’un président d’APC qui n’a même pas voulu nous fournir un moyen de transport pour le déplacement de notre équipe de foot lors d’un tournoi de wilaya, à Tizi » ? A cette remarque, le P/APC répondra par : « Je les ai appelés, ils sont venus, mais personne n’a voulu prendre la responsabilité ; et je ne suis pas disposé à mettre à leur disposition un ou des bus sans responsable. Mais bien avant cela, j’ai mis à deux reprises le transport à la disposition de ces jeunes ». Quant au retard enregistré par le démarrage des travaux au stade de Souk El Had, le maire justifiera que « nous avions engagé un entrepreneur, comme il a tardé à entamer les travaux et comme le stipule la loi, nous lui avons envoyé trois mises en demeure auxquelles il n’a même pas répondu, nous avons alors résilié le contrat qui nous liait avec lui et nous l’avons confié à une autre entreprise… ». Ceci n’est que ce qui est apparent pour ce qui est de la jeunesse qui franchement côté loisirs est à plaindre, quant au côté emploi, la situation est la même puisque aucune entreprise digne de ce nom n’existe au sein de la commune ou encore des projets qui puissent résorber un tant soit peu le chômage, le seul créneau ouvert est celui de l’IAIG et l’ESIL et d’après l’APC, (document à l’appui), dans le cadre du filet social,il n’y a que 73 postes(le nombre n’a pas changé depuis des années) alloués à la commune de Yattafen, ces postes ont ainsi été répartis comme suit : 54 pour la gent féminine et 19 pour la gent masculine. A signaler que deux postes ont été alloués à la daïra de Beni Yenni par les services de la DAS, ce qui fait qu’il n’y a en réalité que 71 postes pour la commune. Pour ce qui est de cette même frange, un autre jeune nous confiera : « On nous demande de nous organiser, il est vrai que pour obtenir quelque chose il faut s’organiser, mais ceux qui nous demandent de nous organiser en association ou autre, n’ont-ils pas un objectif dernière la tête ? car à chaque fois, il y’a les partis politiques derrière et on nous demande de nous organiser pour nous utiliser pour les futures élections, moi je dirais basta, notre jeunesse est tout de même assez consciente pour se constituer en association, de même que déjà l’intention est très claire, certaines gens sont en train de chanter sur tous les toits que x ou y veulent organiser les jeunes, que des dossiers et formulaires ont été ramenés etc. Vous connaissez le tralala des récupérateurs ; c’est comme les comités de village, dans le temps il y avait un intérêt, maintenant c’est le politique ; mais maintenant pour nous les jeunes fakou ! Qu’en nous trouve du travail, voilà ce que nous voulons, car c’est bien beau de dire qu’en nous propose de travailler à 3000 DA par mois,et on vous dit nous vous avons donné du travail mais vous n’en voulez pas ; basta barakat, y en a marre. Vous voulez savoir ce que pensent les jeunes, à chaque campagne électorale, tous nous font miroiter le travail, la justice sociale, l’égalité, mais dès qu’ils arrivent au pouvoir c’est leurs proches et familles ainsi que quelques militants de leur parti qui sont recrutés et à qui on donne des avantages, alors que la majorité reçoit le sourire, le merci et attendez votre tour… ».

Le logement, parent pauvre de la commune. Assise sur l’une des crêtes du Djurdjura, la commune de Yattafen est une zone montagneuse qui s’étend sur une superficie de 1599 ha, au relief géographique abrupt ne possédant presque pas de terrain pouvant répondre au besoin de construction, ceci afin de résorber le déficit de logement qui est un casse-tête chinois pour l’administration locale. Etant donné que depuis la naissance de cette commune, et même bien avant, seuls 68 logements ont été distribués sur les 88 réalisés durant les 30 dernières années (24 au début des années 70, 44 fin des années 90, et 20 qui attendent toujours d’être distribués). Pour la distribution de ces derniers ( les 20) le maire nous dira que « dès que les commissions des comités de villages auront terminé leurs enquêtes, les 20 logements seront distribués aux citoyens et ceci se fera bientôt ». Les logements dont il est question ont été construits en 2000 et depuis cette année, ils n’ont fait que se dégrader du moment qu’ils n’avaient pas été distribués à temps, après 2002 il n’y avait pas d’assemblée élue, depuis 2005 il a fallu attendre que les comités de villages soient “élus » et depuis, les « commissions » travaillent pour désigner 10 de chaque village qui seront les heureux bénéficiaires de ces 20 logements.Dix autres logements ont été, toujours, programmés en 2000 à Souk El Had, mais ces derniers mois les autorités compétentes se sont rendues compte que Souk El Had est une zone inondable donc impossible d’y recevoir des infrastructures, et comme les terrains d’assiettes pour la construction d’infrastructures manquent énormément, la commission a décidé de délocaliser ce projet et de l’entamer à Tala N Souk sur un terrain communal situé au village Ait Daoud, et concernant ces 10 logements, le maire dira qu’ “ils sont en voix de réalisation;les fondations ont été coulées et le projet est à ras de terre ». Par manque d’assiette pouvant recevoir des projets de construction, il ne reste au citoyen que de se rabattre sur la formule de l’aide à l’habitat rural et les demandes seraient très nombreuses pour un programme de 300 logements sur cinq ans même si les contraintes pour les citoyens sont nombreuses. Il est à signaler que selon le P/APC, beaucoup de ces contraintes ont été allégées, à l’exemple de la construction sur dalle ou encore la toiture en charpente qui a été supprimée ; ceci suite aux requêtes adressées par les P/APC lors des réunions qui les avaient regroupés pour dénoncer les entraves et les conditions draconiennes exigées pour à l’aide à l’habitat rural. Un autre os reste toujours au « travers de la gestion de ce dossier » (logement), celui du Fonal et évolutif dont certains bénéficiaire de 1996 n’ont toujours pas « décroché » les autres tranches autres que la première, car n’ayant pas utilisé cet argent pour la construction, et selon des documents remis par le P/APC, la somme serait de près de 51 millions de centimes.

Ressources hydriques « Une partie du quartier Ait Moussa et le village Ait Saada ont ressenti un manque d’eau durant cet été. La raison pour Ait Moussa est que la conduite était bouchée, mais l’ADE a pris le problème en charge ; quant au village Ait Saada, le problème réside soit au niveau des ventouses soit que la conduite soit bouchée à un quelconque endroit, puisqu’il y a un mauvais arrivage étant donné qu’il y a un refoulement qui a été constaté vers le château de Darna », dira d’emblée le maire lorsque nous avons abordé ce chapitre. Le problème d’eau aurait pu être résolu depuis longtemps si la nouvelle conduite (réalisée en 1994) avait été mise en service, mais comme nous l’avons appris auprès des citoyens, ce sont ces derniers qui avaient toujours refusé de prendre en charge les frais de raccordement; et cette année la commune par le biais des PCD avait inscrit ce projet et bénéficié de la somme de trois millions DA pour le lancement des branchements d’AEP, et « les travaux au niveau du village Ait Saada ont été réalisés à près de 95% il ; ne reste qu’un petit hameau dont les travaux seront terminés dans les prochains jours », précisera le maire, ce qui d’ailleurs a même été confirmé par l’entreprise réalisatrice. Mais pour ce qui est du village Ait Daoud, les citoyens auraient refusé d’être raccordés ; « une pétition m’a été adressée par les citoyens du village Ait Daoud qui refusent de se faire brancher à la nouvelle conduite d’eau, de mon côté, j’ai transmis cette pétition aux services concernés », pour la raison qui a poussé les citoyens du village Ait Daoud à s’opposer à ce qu’ils soient raccordés, contrairement aux citoyens du village Ait Saada, le maire nous dira que « les citoyens d’At Daoud remettent en cause la fiabilité de cette conduite ! Alors que c’est aux services techniques de déterminer la fiabilité ou non de cette conduite ; et dans le cas où les services techniques constatent sa non-fiabilité, il n’y aurait pas de raccordement. D’ailleurs un des quartiers du village Ait Daoud, en l’occurrence Tazaghart, n’a pas refusé ces raccordements et dès que l’entreprise aura terminé à Ait Saada elle entamera les travaux de branchement dans ce quartier pour passer au bétonnage des ruelles comme cela se fait au village Ait Saada ». Dans ce dernier, le bétonnage des ruelles est en voie de réalisation, comme nous l’avons constaté de visu, pour qui une enveloppe financière de 3 000 000 DA a été dégagée pour les deux villages : « maintenant si la non fiabilité de la conduite est constaté par les services de l’hydraulique qui sont les techniciens, nous procéderons au bétonnage des ruelles au village Ait Daoud », ajoutera le maire. D’autres sources fiables nous ont informés que la raison qui auraient poussé les citoyens à refuser d’être raccordéd à cette nouvelle conduite serait que beaucoup d’entre eux ne veulent pas que « le pot aux roses » soit découvert et qu’ils perdent ainsi la consommation de l’eau …à l’œil, car selon toujours notre source, dans tous les villages, des dizaines de branchements illicites ont été opérés par des citoyens qui consomment ainsi l’eau depuis longtemps sans payer un sou, vu qu’ils ne se sont pas fait installer un compteur, c’est le cas d’après notre source de plus d’une centaine de citoyens qui se seraient présentés individuellement aux agences de l’ADE afin de régulariser leur situation. Sinon comment dire que la nouvelle conduite n’est pas fiable alors que deux quartiers du même village ont été raccordés à celle-ci et depuis plus de deux années, ces quartiers ne sont que celui d’Ait Moussa dont les citoyens ont pris à leurs frais les dépenses et le quartier d’Ait Meddour qui ne soufrent plus du manque d’eau depuis leur raccordement à la nouvelle conduite. De ce fait, il ne suffit pas de transmettre mais de chercher les raisons de ce refus. Toujours au sujet de l’eau, il est à signaler que plusieurs sources ont été aménagées, Tala Rached à Tazaghart, Tala N Tliwa, Tala Nat Zekri, Tala NTejmaat à Ait Saada, pour ces sources citées les travaux sont terminés, il restera deux sources Tala Gunga dont le défrichage et le nettoyage du bassin ont été réalisés le reste des travaux seront relancés plus tard comme Tala Imedran qui est programmé dans les PCD de 2007, selon le 1er magistrat de la commune.

B. M.(A suivre)

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