C’est avec un immense enthousiasme que Djamel, la trentaine entamée, célibataire et chomeur de son état, assis à une terrasse d’un café à Fort-National, nous parle de sa demande de visa introduite avant-hier au niveau du consulat générale de France à Alger. Concernant la réponse, il n’en sait rien, car les critères ne sont pas clairs, mais il sait parfaitement que si on le lui accorde, il partira sans hésiter et sans perdre une seconde. Ici à Larbaâ Nath Irathen, les jeunes rêvent de l’étranger, ils ne parlent que de cela. “L’étranger n’est pas une fatalité, il faut avoir de l’audace de jouer les cartes aux maximum du challenge”, nous dira un autre jeune moins âgé, assis à côté de nous, apparemment intéressé lui aussi par l’évasion, Pour certains c’est l’ambition de voir cet au-delà de la Méditerranée qui les anime, mais pour d’autres c’est l’espoir ou le désir de se faire une vie et s’installer d’une manière définitive. En tout cas, ils veulent tous partir disent-ils, car là bas est mieux qu’ici. Les uns si ce n’est la majorité rejoignent la France, car ils y trouvent les leurs et c’est plus facile de réussir. Il y’a toujours quelqu’un pour les aider, qu’il soit un cousin, un frère ou un voisin etc. Les autres préfèrent et mettent le cap sur le Canada, en procédant par la démarche d’émigration. Elle concerne les diplômés et les expérimentés dans une spécialité donnée.Il y a aussi ceux qui rejoignent l’Amérique (USA) par la grâce de la fameuse loterie de tirage au sort qui se fait annuellement aux Etats-Unis et si on est sélectionné ou ouvre droit à une “Green Card”. voilà maintenant un peu plus de cinq ans environ, on assiste à l’émigration surtout des étudiants. Les autorités françaises délivrent de plus en plus de visas pour les étudiants. Selon nos deux compagnons de la terrasse, des centaines d’entres eux (les étudiants) quittent la région de Larbaâ Nath Irathen chaque jour, et l’information du départ “Irouh leflani” atterrit de bouche à oreille. Enfin toute la région se vide de ses étudiants. Une fois de l’autre côté de la Méditerranée, ces jeunes courent à la recherche d’un travail. Après l’obtention d’un job, ils cherchent la régularisation “la-bas sans papiers tu n’as aucun droit explique l’intrus, ex-clandestin, régularisé après être marié avec une fille qui a la double nationalité d’origine du village Azouza. Quoiqu’on dise des souffrances et des misères endurées par nos jeunes émigrés, ils semblent de plus en plus disposés à partir”. Que faire ici ? “s’interroge Djamel en âge de fonder un foyer et sans travail depuis des années. Malheureusement, nos jeunes Algériens souffrent effectivement non seulement du chômage, mais aussi de la marginalisation et surtout d’un climat d’instabilité et d’incertitude où sombre la plupart. Ainsi un jeune qui n’a pas son père ou un membre de la famille qui touche l’Euro est condamné” à subir toutes les injustices de la planète. “A défaut de la présence des retraités des pays d’Europe, les régions de Kabylie connaîtront un mauvais sort” diront d’emblée nos interlocuteurs qui n’ont pas tort d’ailleurs. Mais combien peut vivre encore un retraité ? Telle est la question qui sème l’anxiété dans le cœur des jeunes.
S. K. S