Construites en 1965 à la base d’un versant naturel au lieudit Imezden dans la commune de Tichy à la périphérie du domaine agricole Bensaïd Abdellah, ces habitations sont aujourd’hui menacées d’être emportées par la forte poussée que la montagne gorgée d’eau et rendue instable sur elles (deux de ces constructions faites pourtant de béton et d’acier ont complètement disparu sous des tonnes d’éboulis, l’hiver 2003). Les autres habitations encore debout (mais pour combien de temps ?), les lézardes sur les murs, les poutres inclinées, les piliers en béton armé qui sont flambés sont autant de signes qui ne trompent pas, ces demeures sont à quitter au plus vite. Cette peur d’être ensevelies vivantes pousse toutes ces familles à partir à la nuit tombée, à trouver logis chez des voisins, mais pour combien de temps ? C’est en hiver 1996 que les ennuis ont commencés pour ces paisibles agriculteurs.En effet, les travaux de terrassements entrepris dans les années 1990 sur le sommet cette colline afin d’y planter une structure des PTT (radio maritime) ainsi que l’ouverture d’un chemin de servitude avec de gros engins pour relier aussi bien les habitations privées construites au sommet que l’antenne maritime, ont fragilisés cette butte. C’est donc par la main de l’homme que cette petite montagne est devenue un danger pour ceux qui habitent en contrebas.Saisies à maintes reprises par ces familles en détresse qui ne demandaient qu’un toit, les autorités n’ont répondu que par un ballet incessant de commissions de contrôle et d’expertise sans pour autant trouver une solution à même de les soulager, ne serait-ce que de les héberger ailleurs provisoirement.En 1996 une commission départementale s’est rendue sur les lieux pour évaluer les risques. On lit dans le rapport final de cette équipe d’experts : « failles à des différents niveaux du relief qui ont provoqué des glissements de terrain menaçant des habitations existantes en amont et en aval du site ». Six années plus tard un autre rapport émanant du LTP (laboratoire de travaux publics) en date du 20 mai 2002 dont l’étude a été prise en charge par les services de la DUC a lui, conclu à la non constructibilié du site, vu l’instabilité du sol. Comme si ces deux rapports d’experts ne sont pas crédibles, une autre commission est cette fois-ci mise sur pied par le maire en personne (en février 2005) près de trois années après tout de même. C’est ainsi que deux vice-présidents de l’APC, le chef d’unité de la Protection civile d’Aokas et un représentant de la daïra de Tichy se sont rendus sur les lieux.Après un constat visuel, ils notent dans leur rapport : « Failles de plus en plus importantes sur différents niveaux du relief provoquant glissement et affaissement de terrain en mouvement permanent et menace de rupture, fissures visibles sur les murs et structures des bâtisses ». Comme le constat est posé et sans équivoque, la réponse du premier magistrat aux familles sinistrées est pour le moins incompréhensive.En effet, après dix longues années de calvaire, la seule réponse adressée à ces familles est une correspondance les informant que le wali de Bgayet a été saisi par ses soins, correspondance dans laquelle il (le maire) demande au wali de bien vouloir diligenter une commission habilitée à statuer sur une situation qui dépasse les compétences et les moyens de la commune. Sans commentaires ! Mais alors pourquoi avoir attendu dix longues années pour enfin avouer que l’APC est incompétente et sans moyens ? Pourtant des logements sont distribués çà et là souvent à des personnes qui ne sont pas dans le besoin immédiat, des aides à l’auto construction sont détournées au profit de personnes aisées, des lots de terrain sont attribués pour être revendus par les propriétaires bénéficiaires à des tiers, etc… Normal serait-on forcé de dire : « ne dit-on pas qu’il pleut toujours où c’est mouillé »?
A. M.