Ramadhans d’antan

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“Autrefois, dit cette vieille femme, on jeûnait et on n’avait pour toute nourriture, le soir, qu’un plat de couscous, ou, quand on était pauvre, un morceau de galette, un peu d’huile ou encore quelques figues sèches !’’ Et la brave dame de conclure : “On était plus heureux, on se respectait mutuellement, on partageait tout ce que l’on avait ! Il était hors de question de voir son voisin se mettre au lit sans dîner : même si on était pauvre soi-même, on lui donnait une part de ce que l’on avait… Non pas seulement par solidarité religieuse mais aussi parce que la morale sociale le commandait. Il n’y avait ni radio ou télévision pour distiller un discours en déphasage total avec la réalité : un discours qui chante les vertus du Ramadhan, une réalité faite de rapines, de félonie et d’incivilités de toutes sortes. ‘’Quand on allait à la mosquée, dit encore cette brave femme, c’était pour s’adonner à des actes de piété, pas pour se faire voir’’. Et elle s’indigne que le boucher, le “légumier” ou le pâtissier qui saignent à blanc leur prochain, en ce mois sacré, osent se mêler aux vrais croyants. “C’est immoral, c’est inadmissible !’’ Le ramadhan, dans les campagnes, c’était un mois comme les autres, on y travaillait, on vaquait à ses affaires, on ne changeait rien à ses habitudes… Ce n’est pas comme aujourd’hui où tout n’est que gaspillage et vol ! Comment expliquer à cette brave femme que les temps ont changé et que les valeurs sociales morales et sociales ne sont plus ce qu’elle étaient ? Elle continue à dire que le Ramadhan n’est plus le Ramadhan, comme tant d’autres choses d’ailleurs…

S. Aït Larba

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