Etat d’esprit

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… Teddiguti Mima, aujourd’hui. En plus d’avoir faim et de subir les douleurs de ses règles annoncées, elle ne verra pas son petit ami, pendant un certain temps. Mima est dans le même état d’esprit de ce fan de la JSK à qui on demande un renseignement dans un arabe châtié et qui répond : “Remdan d remdan, JSK texser, en plus, ad iyi-d-ihedder s taârabt” (c’est ramadhan, JSK a perdu et, en plus, il me parle en arabe) !”Meskint, Mima ! N’allez surtout pas comprendre que “voir son petit ami” veut dire un quelconque contact physique. Jamais ! cela n’a même pas été possible pendant les grandes chaleurs de l’été. La pauvre Mima ne peut pas bouger sans un ordre de mission approuvé par les Dezdeg. Même son frère évangéliste qui, à longueur de journée, chante l’amour, la paix et nous la joue démocrate indomptable contrôle avec vigilance les mouvements de sa petite sœur. Quant à Lamine, son frère très musulman, d llazuq. Mais, lui, il est dans sa logique.Mais pourquoi Mima est-elle dans cet état d’esprit, puisque de toute façon elle ne rencontre jamais son petit ami ? Son portable a fait un plongeon dans une bassine d’eau, pendant qu’elle lavait le linge de ses deux garde-chiourmes. Le mobile est hors d’usage. Du coup, elle ne pourra pas appeler son amoureux une fois en sécurité dans les toilettes.Fini ! Elle ne bipera plus pour lui dire “saha f’tourek aemri”.Mais elle ne perd pas complètement espoir. Elle sait qu’elle peut compter sur l’ouverture d’esprit de son grand-père Rezqi. Oui, c’est étrange. Les esprits sont ouverts là où on pense qu’ils sont naturellement fermés.Le grand-père est Mima sont très complices. Il va sûrement puiser dans sa retraite de misère pour lui payer un portable. Rezqi ne peut rien refuser à sa petite-fille. Elle lui rappelle sans doute ses amours clandestines di Tmurt. Elle lui rappelle Chabha sa voisine qui deviendra sa femme et qu’il perdra 50 ans plus tard.Le grand-père n’est pas si vieux que ça. Une chose est sûre, il est plus jeune que ses deux petits-fils égarés dans leurs certitudes anachroniques.

T. Ould Amar

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