Presque identique à celles de la décennie (précédente) de feu et de sang, une flambée de violence islamiste ravage particulièrement la région de Boumerdès depuis le début du Ramadhan 2006.
Le quartier Bousbaâ de Bordj-Ménaïel, 26 km à l’est du chef-lieu de la wilaya précitée, fut avant-hier vendredi vers 21h, le théâtre d’un attentat terroriste ayant, coûté la vie à un agent de sécurité de l’usine BCR.
Les ruelles de cette nouvelle cité étaient encore animées en cette 20e veillée du mois sacré. Soudain des coups de feu se firent entendre. Deux ou trois terroristes en tenues civiles ont moins de trois heures après le f’tour, tiré à bout portant sur un citoyen répondant au nom de Aït Ahcène Akli. Celui-ci traversait à cet instant précis une ruelle mal éclairée jouxtant son domicile lorsqu’il fut surpris, a-t-on indiqué, par les rafales meurtrières d’un commando islamiste.
Leur forfait accompli, les tueurs ont pris la fuite selon toute vraisemblance en direction des maquis avoisinants.
Agé de 42 ans, ce gardien d’une infrastructure industrielle locale, spécialisée dans la fabrication d’ustensiles de cuisine, laissera une famille composée de deux enfants en bas âge. Les terroristes qui ont attenté à sa vie n’ont pas encore été identifiés. Ils sont apparemment affiliées à une des serriates de la phalange sanguinaire d’El Ansar. Supervisée par l’émir zonal du GSPC, Hamid Saâdaoui, alias Yahia Abu El Haythem, ex-bras droit de Hassen Hattab, cette horde islamiste a intégré dans son organigramme (depuis 1998) d’anciens militants de l’ex-FIS, les résidus du GIA, les nouvelles recrues du GSPC et surtout ces relais sans lesquels elle ne peut s’aventurer en zone urbaine.
Précédé de quatre attentats ayant fait au total 7 morts et 22 blessés dont six grièvement en moins de trois semaines, l’acte ignoble d’avant-hier est, comme tant d’autres, planifié de toute apparence pour replonger la contrée dans la stupeur et l’insécurité, “climat propice pour la multiplication des opérations de racket sous toutes ses formes”, appréhendent en substance des membres locaux des GLD.
En rallumant le feu dans différentes régions de Kabylie, la nébuleuse terroriste locale d’obédience salafiste semble vouloir toucher l’appareil d’Etat en un point précis, le mettre hors d’usage, en lui signifiant son refus d’adhérer à la politique de réconciliation nationale.
Et plus inquiétant encore, de nombreux chefs de partis ont eu encore ces derniers mois, la naïveté de jouer le jeu de l’islamisme en demandant une prorogation du délai de repentance des terroristes fixé au 31 août 2006. Juste après il y a eu ces morts et blessés parmi les civils et les services de sécurité à Chabet El Ameur, Naciria, Tidjelabine, Thénia, Si Mustapha et Bordj Ménaïel.
Salim Haddou
