L’angoisse du… couffin vide !

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En théorie, Ramadhan est un mois sacré et surtout de piété.

Dans la ville de l’antique Chorbae Minicipium, une joli station balnéaire, située à une cinquantaine de kilomètres à l’extrême ouest de la wilaya de Jijel, l’angoisse du couffin nécessitant la totalité de la paye d’un smicard pour se remplir, est revenue au grand dam des couches défavorisées qui arrivent difficilement à faire face devant les prix des fruits et légumes qui prennent de plus en plus l’ascenseur. En plein centre-ville, au niveau des artères principales qui connaissent depuis peu leurs vendeurs à la sauvette, la tension est perceptible. Les lieux grouillent de monde mais rares sont ceux qui se permettent le luxe d’acheter devant la misère qui a finie par avoir raison de plus de 70% de la population. Les signes de pauvreté sont visibles sur les visages fatigués des citoyens, qui découvrent avec amertume que cette année encore ce mois sacré ressemble à celui de l’année dernière et que leur pouvoir d’achat s’est érodé davantage en même temps que leur chorba et leur bourak au Jumbo !

Ce mois confirme à plus qu’un titre, la conviction de plus en plus partagée dans cette région kabyle “arabisée” frontalière avec la wilaya de Béjaïa que rien n’est fait pour arrêter ces spéculateurs et leurs mandataires qui se frottent les mains devant le gain facile.

Dans cette ville martyrisée par un terrorisme aveugle pendant plus d’une décennie, Ramadhan est synonyme de grandes dépenses, c’est le mois où les entrées des marchés et les alentours des boucheries sont pris d’assaut par les mendiants de tous âges. Certains commerçants en profitent pour se frayer un chemin vers la fortune, sans crier gare, opérant des transformations dans leurs locaux.

Les restaurants deviennent des petites fabriques de pâtisseries orientales, zalabia, kelbellouz et autres produits sucrés énergisants.

En somme, les habitants de l’antique Chorbae Minicipium respectent le jeûne au nom de l’obligation de la religion défiant les affres de la misère et ce ne sont que des signes forts de leur courage et de leur solide croyance en leur créateur.

Rabah Zerrouk

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