A l’instar de plusieurs autres villages de la Kabylie, celui d’Ivehlal, dans la commune d’Aghbalou, a payé un tribut très lourd lors de la Révolution pour la libération de l’Algérie. Plus de 70 chahids reposent au cimetière des martyrs du village, un village qui n’abritait que quelque 400 âmes. La liste des martyrs est longue et a commencé 19 mois avant le déclenchement de la Révolution, un certain 14 juillet 1953 après que la police française eut tiré sur les manifestants algériens et autres sympathisants de la cause algérienne en plein “Paris”. Bilan : 7 morts, dont Abdellah Bacha, fils du village, qui a eu droit à d’émouvantes obsèques dans son village natal d’Ivehlal et dont la famille s’estime méprisée par l’ONM de Bouira et qui cherche vainement à réhabiliter son nom que portait une rue à Bouira, malencontreusement débaptisée après l’arabisation généralisée au début des années 80. Au cimetière des martyrs du village, aujourd’hui livré à lui-même, la plaque commémorative portant la longue liste des martyrs parle d’elle-même sur les sacrifices consentis par les villageois lors de la Révolution, de l’attaque de “Tibeharine”, repoussée presque à mains nues par les villageois et bien d’autres attaques similaires dont se souviennent encore les fidèles moudjahidine et familles de chahids qui se donnent rendez-vous, au carré des martyrs, chaque commémoration nationale passant presque inaperçue, comme s’il s’agissait d’une journée ordinaire. La stèle du moudjahid qui a subi des actes de vandalisme il y a quelques années démontre le mépris affiché par les autorités à l’égard de cette région.
Les villageois souhaitent une réparation urgente de ce préjudice et attendent toujours la baptisation de la nouvelle école d’Ighil Ivadh du nom du chahid Gaâmoum Saïd, la réhabilitation de la rue Abdellah-Bacha de Bouira… Aujourd’hui, l’on commence enfin à s’intéresser à l’histoire révolutionnaire du village et à la région.
Une nécessité absolue pour les générations futures, une autre page d’histoire à préserver…
Rayane B.