Ils sont huit. Huit titres encore en course pour le Goncourt ou le Renaudot, également décerné lundi, sur les quelque 475 romans français de la rentrée.
Déjà distingué par le Grand prix du roman de l’Académie française, Littell a créé l’événement avec un premier roman hors normes sur un sujet difficile: les confessions d’un ancien officier SS racontant les atrocités qu’il a commises.
Un livre sulfureux, sélectionné pour tous les grand prix de l’automne, qui a suscité l’enthousiasme de la quasi-totalité de la critique et un début de polémique sur les dangers de faire d’un nazi un héros de roman. Ecrit en français par un Américain de 39 ans étranger aux cercles littéraires, « Les Bienveillantes » (Gallimard) a bouleversé les règles du jeu, suscité les jalousies, et s’est déjà vendu à plus de 200.000 exemplaires. L’Académie française lui a attribué son prix à la majorité absolue, ce qui n’exclut pas que les Goncourt puissent le récompenser à leur tour.
Trois autres titres sont en compétition: « Marilyn, Dernières séances » (Grasset) de Michel Schneider, « L’amant en culottes courtes » (Seuil) d’Alain Fleischer, et « Ouest » (Viviane Hamy) de François Vallejo.
Psychanalyste et romancier, Schneider réinvente les rapports de Marilyn Monroe et de son psychiatre pendant les derniers mois de la vie de l’actrice. Fleischer livre dans un style très littéraire sa première aventure amoureuse, à Londres à l’âge de 13 ans. Et Vallejo met en scène un dramatique face-à-face entre un baron et son garde-chasse, en Normandie sous le second empire.
Avec ce sixième roman de Vallejo, la « petite » maison d’édition Viviane Hamy, s’invite à la table des habitués du Goncourt : Gallimard, Grasset, Le Seuil.
Si l’Académie a récompensé Littell, certains académiciens se sont fermement opposés à ce texte souvent violent, obscène, et les discussions devraient également être animées chez les Goncourt. D’autant que l’auteur a fait savoir qu’il n’appréciait guère les prix littéraires, au risque de vexer le jury. Parti lui aussi « favori » en 2005, Michel Houellebecq avait finalement été battu par François Weyergans.
Grosses colères et règlements de compte ont agité la quinzaine des prix littéraires. Les dames du Femina se sont distinguées en excluant Madeleine Chapsal, coupable d’avoir raconté les délibérations de l’année précédente. Exclusion suivie de la démission de Regine Deforges, sur fond d’accusations de collusion entre jurés et éditeurs.
Mais cette année, les jurys ont respecté le calendrier, sans chercher à se faucher tel ou tel livre.
De même, Littell a disparu de la sélection du Renaudot au nom de la règle du non-cumul, le jury ayant pour règle de ne pas donner son prix à un lauréat qui a obtenu un prix important dans les cinq années précédentes.
Les Renaudot devront choisir entre cinq titres: La maison aux orties (Actes Sud) de Vénus Khoury-Ghata, « Mémoires de porc-épic » (Seuil) d’Alain Mabanckou, « Voici venir le fiancé » (Table ronde) de Gabriel Matzneff, « Disparaître » (Gallimard) d’Olivier et Patrick Poivre d’Arvor et le « Marilyn » de Michel Schneider.
Le Congolais Alain Mabanckou figure pour la deuxième année consécutive dans leur dernière sélection.