“Le secteur sanitaire est l’un des plus mauvais du pays”

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“Il y a un désordre multiforme à Béjaïa. Il résulte d’une absence totale de management”. Cette phrase donne le ton de ce que fut la réunion de travail qui a regroupé dans la soirée du lundi 9 novembre, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière.

Amar Tou, et tout ce que la wilaya de Béjaïa compte comme cadres de la santé. La séance a vite tourné à une véritable autopsie d’un secteur dont il est souvent dit plus de mal que de bien.

Le ministre qui s’est voulu pragmatique n’a guère apprécié, pour avoir constaté de visu l’état de la maison santé à Béjaïa, les discours généralistes, triomphalistes parfois, servis par les premiers responsables locaux du secteur, destinés quelque part à noyer le poisson. C’est donc un véritable ouragan qui s’est abattu sur le DSP et les directeurs des structures sanitaires, souvent désarçonnés et poussés dans leurs derniers retranchements par les répliques pointues, cinglantes parfois du ministre, les cadres de la santé n’ont jamais été à leur avantage. M. Tou s’est attelé tout au long de ses interventions à démontrer l’un après l’autre les arguments développés par les uns et les autres, histoire de se dédouaner et de rabâcher les sempiternels arguments du manque de moyens.

Globalement, ce sont les mêmes problèmes qui ont été successivement avancés par les premiers responsables des secteurs sanitaires d’Akbou, de Sidi Aïch, d’Amizour, de Kherrata et de Béjaïa. Ils se rapportent pour l’essentiel au manque de lits, de spécialistes, de paramédicaux et de moyens matériels.

Ce qui transparaît le plus des différents échanges, vifs par moments, c’est une certaine apathie qui semble de mise dans la gestion des hôpitaux, relayée par une DSP censée coordonner tout le secteur, dans le respect des normes et directives ministérielles, et qui fait du “sur place”. Ce qui a fait dire au ministre “que le système de la santé pour la wilaya de Béjaïa est l’un des plus mauvais du pays”.

La wilaya a bénéficié de 24 milliards de cts, répartis sur deux tranches dont la dernière a été débloquée en août dernier. De cette importante cagnotte, pas un sou vaillant n’a été utilisé à ce jour ! Pire, sur les 112 postes budgétaires affectés à Béjaïa pour le recrutement de paramédicaux, seuls 44 ont été affectés, sans pour autant être pourvus dans leur intégralité !

Le ministre a relevé ces incohérences, venant démentir de manière cinglante les argumentaires développés. “Il s’agit, dira-t-il, d’un problème de rationalisation des structures et des moyens. Il faudra faire preuve de plus de souplesse et d’imagination.” Sur sa lancée, il ajoutera : “Le problème d’incapacité d’absorption des budgets risque d’être un frein à très court terme”. Précision de taille, plus de 200 paramédicaux, affectés sur Béjaïa n’ont pas été recrutés. Il y a donc défaillance quelque part. Signe patent d’une mauvaise gestion : des paramédicaux sont recrutés dans le cadre de l’emploi des jeunes. Décoiffant tout simplement ! Seule note, moins amère, les satisfecits adressés à l’hôpital d’Amizour, à celui d’Aokas dont l’inauguration est imminente et dont la salle de réanimation a reçu tous les vocables marquant l’admiration de tous ainsi que la petite structure de Darguina. Comme quoi, l’excellence est possible. Comme l’est aussi la médiocrité avec l’hôpital d’Akbou qualifié de “plus mauvais en matière de gestion” et le centre de santé de Tazmalt taxé de “complètement dépassé”.

Des décisions enfin ont été annoncées, concernant les équipements demandés et accordés sur place, la réhabilitation de l’hôpital d’Ilmaten qui sera menée à son terme, mais dont la destination reste à fixer et de l’assentiment pour l’érection future d’un CHU à Béjaïa.

Ce dernier projet est tributaire de la création d’une faculté de médecine dont le démarrage est prévu pour la présente année universitaire. Le projet semble donc bien entamé, notamment dans sa première phase avec l’accord de quinze éminents professeurs, issus de la région pour venir y enseigner. Rappelons que la veille, soit le dimanche 5 novembre, une première séance de travail a regroupé autour du ministre et de son staff, les directeurs des CHU, les DSP des treize wilayas du centre.

Elle a tourné autour du thème de la réforme hospitalière et de quelques aspects et directives se rapportant à la nouvelle carte sanitaire, à la hiérarchisation des soins, au dossier de la contractualisation des hôpitaux, à la maintenance, au réseau de la prise en charge des toxicos et enfin au contrôle des officines.

Mustapha R.

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