Et si le printemps n’était pas berbère ?

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“Idha chaâbou yaoumen arada el hayat fa labouda an yestajib el qader wa labouda li leili an yendjali, wa labouda li Iqayd an yenkassir”(Abou El Kacem Chabi)L’autre jour, un lecteur de DDK nous soumit un cas de figure inversant les rapports de son cauchemar inversé qui lui est resté en travers des convictions. Voici donc le cauchemar en question : Nous sommes en avril 1980. Le pouvoir amazigh venait d’interdire la conférence sur la poésie bédouine d’avant la Révélation que devait animer l’anthropologue arabe Ibn Abu Suleiman dans la wilaya de M’sila. L’anthropologue sera empêché de fouler des pieds l’université Juba II de Bousaâda. S’ensuivit un violent mouvement de protestations. Les forces de l’ordre et du désordre investissent l’université. Le lendemain, la DDK, la voix du parti unique à la une : “La main de akabar n ibath à Bousaâda”. A la page 02 du même canard, on expliquait : “Un groupe de perturbateurs d’obédience arabo-bathiste et s’autoproclamant du MCB (Mouvement culturel Bédouin) chahute à l’université Juba II de Bousaâda. Soucieux de l’unité et de l’unicité de la nation Amazigh, le RCFS (Rassemblement pour la culture et les Forces Socialistes) réagit… (lire page 4)” A peine le très solennel 20 heures terminé, Adidi a diffusé un communiqué : “la section UNFA de Taddart (Union Nationale des Femmes Amazightes) condamne et dénonce avec la plus grande vigueur ceux qui de derrière les dunes tentent de diviser le peuple…” Dda Mamiche, président de la Kasma RCFS, pond à son tour un communiqué : “nous, l’ensemble des militants du RCFS de la Kasma de Taddart, condamnons le comportement irresponsable des jeunes et disons aux yaâdawen de Timuzgha : l’Algérie yiwet, ddin yiwen et la langue kif kif”La fibre nationaliste à fleur de l’épiderme et les cinq sens, voire plus, en état d’alerte, Momouh convoque l’ensemble de l’UNJA (Union Nationale des jeunes Amazighs) du village pour débattre du comment faire face à la question bédouine qui selon le secrétaire de l’UNJA, “risque de porter atteinte à l’unité du pays et à ses constantes”. M’henni, le pagsiste de Taddart, venait de conquérir le cœur d’une jeune bédouine mais cela il le dit au téléphone à l’oreille de sa nouvelle recrue. Pas ailleurs. En somme, l’injustice est intolérable quelle que soit l’identité de celui qui oppresse.

T. Ould Amar

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