Azedine Nouri, l’incroyable Ninja, revient dans son pays

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Il en est ainsi de Azedine Nouri, ce sportif de 52 ans aux dons exceptionnels qui a fait le bonheur d’autres pays, mais surtout de publics de différents coins du globe, mais méconnu chez lui, dans le pays de ses parents.

Lorsque nous avons été conduits chez lui, dans un modeste appartement d’une tour de la capitale, nous ne connaissions de lui que quelques données vagues empruntées à certains articles lus dans la presse nationale. Mais la vue de l’artiste, et c’en est vraiment un, donne une véritable image du personnage : taille moyenne mais visiblement athlétique, au point de trahir son âge, queue de cheval attachée et tenue sportive qui ne le quitte apparemment jamais.

Celui que les médias spécialisés dans les arts martiaux surnomment, à juste titre, “L’incroyable Ninja” est avant tout Monsieur tout le monde. Il se livre à cœur ouvert à nos questions, sans détour ni retenue. De ses débuts avec un monde ignoré de beaucoup d’Algériens, faute de moyens et de médias, jusqu’à ses exploits qui ont fait de lui un champion hors pair, en passant par ses films, notamment ceux tournés avec le célébrissime Jean-Claude Van Damme.

Pour arriver au stade actuel, Azedine Nouri est passé par plusieurs étapes. Un véritable parcours du combattant qui le mène de France, au début des années 70, jusqu’au sacre final au championnat du monde des arts martiaux artistiques, un évènement qui réunit les grands ténors mondiaux de cette discipline, aux Etats-Unis d’Amérique, en 1999. Les trois sabres symbolisant le titre de champion du monde ont été remis, en guise de cadeau, au président de la République et sont déposés, pour la postérité, au Musée national du moudjahid à Alger.

Il parle de ses débuts avec le karaté, comme si cela datait d’hier. « Je devais avoir 6 ou 7 ans quand j’avais commencé le karaté. Je devins rapidement, quelques années après, l’une des plus jeunes ceintures noires de France », confesse-t-il avec une fierté que seuls les Algériens connaissent. Et les réalisations se suivent : champion de karaté des Rhône-Alpes, en France, en 1971, champion de France de karaté l’année suivante et puis champion de France de boxe américaine en 1973.

Cela n’est en fait qu’un début pour notre champion qui décide, ainsi, de pratiquer d’autres disciplines et d’aller à l’aventure dans un des sports les plus risqués, mais aussi les plus magnifiques : les arts martiaux artistiques. Ce qui lui ouvre les voies de la gloire et de la notoriété.

L’entrée au Guinness

Mais cette ascension, notre athlète ne la doit qu’à l’effort et l’abnégation. « J’ai travaillé dur pour arriver à ce stade », aime-t-il répéter à chaque fois qu’on l’interroge sur le secret de sa réussite. Et cette gloire, Azedine Nouri ne l’a toujours pas connue avant ce passage sur Antenne 2, l’actuelle France 2, qui le marquera à vie, puisque c’est là qu’on annonce son premier record du monde de casse en hauteur de 3m. Et les portes de la gloire sont ouvertes, puisque l’artiste est inscrit dans le Guinness des records. C’est un véritable déclic. Azedine Touri cumule les distinctions et les titres et décide, ainsi, de s’investir dans tous les arts martiaux. Il en fait sa seule et unique occupation et seule source de vie.

Mais ce qui distingue Azedine des autres sportifs est incontestablement le mariage du sport et de l’art. Il ne se limite pas à participer à des combats, mais prend part, périodiquement, à des spectacles de haute facture artistique. Il ne rate presque jamais le Meeting international de Paris-Bercy qui regroupe les ténors mondiaux de la discipline.

Le cinéma, l’autre consécration

L’incroyable destin s’ouvre devant Azedine Nouri comme une porte du paradis. Au cours d’un spectacle au Paris-Bercy, le célèbre réalisateur de films d’action Jean-Claude Van Damme remarque que parmi les présents, il y en un qui se distingue. Sa tête d’asiatique et sa silhouette de sportif accompli feront de lui un bon acteur pour un film que le réalisateur américain préparait. C’est ainsi que Azedine Nouri se voit confier le rôle de combattant turc dans le célèbre film “Le dernier tournoi”. Le sportif algérien tient correctement son rôle. Mieux, il devient quelques années plus tard un conseiller particulier en chorégraphie de Jean-Claude Van Damme, pour qui il sera d’un grand apport. « Van Damme a vu juste en faisant appel à moi. Puisque, contrairement aux autres chorégraphes qui ne connaissent du métier que le côté théorique, moi je fais du terrain, et cela se répercute aussi sur la qualité des films produits. », avoue-t-il avec fierté.

A voir l’homme de près, on est loin d’imaginer qu’il est capable de réaliser ces miracles. Qu’on en juge : il s’allonge sur trois épées tranchantes, capable de briser plus de deux tonnes de béton (record du monde) et des tuiles à distance sans même les toucher avec la paume de la main. Il avoue lui-même qu’en revoyant ces actions à la télévision, il a la chair de poule. Il ne réalise pas que c’est lui qui est capable de faire tout cela.

Mais au bout de ce parcours exceptionnel, arrive la consécration internationale. Ainsi, en 1999, Azedine Nouri est sacré champion du monde d’arts martiaux artistiques à Orlando, aux Etats-Unis. La presse du monde entier, notamment spécialisée, s’en accapare et lui consacre des « une » époustouflantes. Il devient un nom incontournable sur la scène mondiale.

Objectif : aider son pays

Durant tout le temps de cette fabuleuse carrière, Azedine Touri n’a pratiquement pas fait de spectacles dans son pays d’origine, hormis un bref passage comme entraîneur des forces spéciales de la Marine nationale au début des années 80.

Mais la nostalgie de son pays ne le quitte jamais. Ainsi, en septembre 2005, Azedine est invité pour se produire à la Coupole d’Alger, lors d’un meeting du Président Bouteflika. C’était grandiose et l’artiste est ému par l’accueil chaleureux qui lui a été réservé, notamment par le chef d’Etat. « J’ai été très touché par la manière avec laquelle j’a été accueilli par le Président. Il m’a tout de suite marqué, d’autant plus que j’ai remarqué que c’était quelqu’un qui voulait sortir le pays de la crise. Je me suis dit alors, pourquoi pas, moi aussi, je vais tenter d’aider mon pays dans le domaine où je travaille », raconte le fils de Aïn El Beïda, qui illustre cette volonté de donner un coup de main à l’Algérie par cette phrase lourde de sens : « J’ai versé une goutte de sang dans la plupart des pays du monde. Inchallah, maintenant, je vais le faire dans toutes les wilayas d’Algérie ».

Pour prouver sa volonté, Nouri, qui dit avoir laissé “le confort en Europe” pour venir ici, il a offert les trois sabres de son sacre mondial au président de la République qui l’a reçu. Et sans plus tarder, il décide de s’installer à Alger et fonde, à son propre compte, des sections d’Arts martiaux artistiques dans l’Algérois. Son investissement, ne se situe pas dans les sports de combat, mais bien dans l’art, parce que, dit-il, «il y a beaucoup de gens qui font des combats, mais mon souhait, c’est de former des gens qui pratiquent l’art et sèmeront le beau et l’amour dans notre pays». Il s’est déjà produit à Batna le 1er Novembre passé et compte poursuivre l’aventure malgré les obstacles qu’il rencontre, puisqu’il ne dispose actuellement, d’après Hassan, son manager, que d’un seul sponsor, la société Distribat.

Azedine Nouri confesse que son rêve dans l’immédiat est de se produire en Kabylie. Plus qu’un rêve, c’est une promesse parce que l’artiste dit avoir une estime particulière pour cette région et à ses enfants.

Ali Boukhlef

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