Née il y a un peu plus de trente ans, la wilaya de Bouira, Un point Zéro, comme aime-t-on à la charrier, continue à se complaire dans son caractère hybride d’un gros faubourg perdu dans le temps et dans l’espace. Cette image résulte du télescopage contre nature de l’univers rural avec le monde urbain. L’hybride rurbain échappera, bien entendu, à tout contrôle et n’obéit qu’à la seule ‘’règle’’ de la foudha (anarchie) à même de garantir des concussions en toute impunité.
Comment se fait-il qu’après plus d’un quart de siècle, Bouira soit toujours maintenue dans un état d’inertie et de stagnation qui l’empêche d’évoluer ? N’y avait-il jamais eu de commandant à bord ?
Deux des walis qui ont eu à tenir le gouvernail de la wilaya comparaîtront, plus tard, devant la justice. Occupés sans aucun doute à imaginer des techniques de soustractions illégitimes de quelques dinars à leurs destinations d’intérêt public, le développement, et cela se comprend, n’était même pas retenu sur la liste des derniers soucis des walis en question.
Avec l’arrivée de Mazouz Hocine, l’actuel wali de Tizi-Ouzou, les choses commenceront à bouger. Le wali ne naviguait pas à vue, il avait un projet pour Bouira. Le mot développement n’était plus une rumeur qui parvenait d’autres wilayas. Mais, hélas, Mazouz ne restera que quelques mois, avant d’être installé à la tête de Ain Timouchent, puis affecté à Tizi-Ouzou.
Par la grâce du coût du baril du pétrole, Bouira, à l’instar du reste du pays, aura les moyens de s’atteler à rattraper le retard et à avancer sur le terrain du développement. Le wali actuel essaiera tant bien que mal de saisir l’opportunité de l’embellie économique et de la mettre au service du développement de la wilaya. Assommé par des chiffres impressionnants, donc persuasifs, le citoyen se prépare en toute confiance à réceptionner son logement, trouver un poste d’emploi, fructifier son lopin de terre…
Hélas, force est de constater que la réalité du terrain n’est pas à la hauteur des efforts consentis. La réalité est tout autre. Bouira n’avance qu’à pas d’escargot. Les chiffres et le verbe démagogique ne changeront rien au fait, et à titre indicatif, que sur les 8000 unités LSP, seules 700 sont en chantier.
Y’a-t-il un dessein, un projet, une ambition pour Bouira ? Les responsables sont-ils prisonniers d’une réglementation rigide et d’un manque d’imagination ?
Les élus ne sont pas mieux lotis. Ils continuent, pour les uns, à gérer le politique rentable au lieu et à la place de s’occuper de la cité. Pour les autres, ils continuent à consolider leurs carrières en tirant profit d’un statut qu’ils savent éphémères. Pour le reste, et faute » de changer les choses, ils changent les mots «
Cela dit, Bouira n’est pas indéfiniment condamnée à rester à la traîne. Cela est d’autant plus vrai que la wilaya vient d’accueillir à la tête de son exécutif une dame, une première à Bouira, qui ne va jamais par quatre chemins pour dire et faire.
La secrétaire générale, Gadi Khadidja, a de la poigne. Mais, elle a surtout la maîtrise, des dossiers qu’elle ausculte. A Bouira, depuis près d’une année, elle a passé les premiers mois à analyser, à se faire une idée, avant de passer à l’action.
Pour la dame, le développement passe par les programmes de proximité : AEP, assainissement, médecine scolaire…
La promotion immobilière, suscitera un intérêt tout particulier. La SG constatera que la formule, du lsp notamment, était mal comprise et par le promoteur et par l’administration. Elle ne se gênera pas à le dire en plénière, à une assemblée peu habituée à un langage cartésien, clair et ne souffrant d’aucune ambiguïté. La voix de la SG que nous découvrirons à l’APW remettra les pendules à l’heure à chaque fois que cela est jugé utile. Elle répondra ainsi à un élu bien parti dans des accusations populistes et généralistes : « Faites la différence entre préoccupations et accusations. Nous ne sommes là que pour répondre à vos préoccupations. Quant aux accusations, rapprochez-vous de la justice ». Cette limpidité enchantera le commun des citoyens qui percevra une volonté, une compétence et une détermination chez celle qu’il appelle affectueusement « la SG ».
La SG qui commence à agacer les partisans du moindre effort est en mesure de secouer le cocotier du développement. Elle l’a déjà commencé avec l’univers de la promotion immobilière. Elle mènera certainement le navire à bon port, si entre-temps elle n’est pas appelée… à d’autres fonctions.
T. Ould Amar