Un faux problème

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Le débat dans la wilaya de Tizi Ouzou sur le redéploiement des éléments de la Gendarmerie nationale ne suscite aucun intérêt chez la population. Cette dernière est certes préoccupée par les actes de banditisme et les agressions tous azimuts enregistrés régulièrement, mais sans plus. La même attitude est adoptée par les partis politiques. Ces derniers sont plutôt occupés par la préparation des élections législatives prévues dans moins de six mois. Même les déclarations de la CADC (Coordination des archs, dairas et communes de Tizi Ouzou), qui existe toujours, doit-on le rappeler, placardées, hier, dans la ville des Genêts à ce sujet n’étaient pas lues par les citoyens qui vaquaient normalement à leurs occupations sans marquer de halte devant les affiches comme ils avaient l’habitude de le faire il y a quelques années. Pour la majorité des citoyens abordés hier, « si l’Etat veut faire quelque chose, personne ne peut l’arrêter ». En plus, disent-ils, dans plusieurs communes de la wilaya, la gendarmerie assure son travail normalement. Mais il y a des situations anormales qui méritent d’être signalées. Par exemple, dans la commune de Tizi Rached, lorsqu’il y a un problème qui relève des compétences de la Gendarmerie nationale, le citoyen doit faire le déplacement jusqu’à Fréha, soit vingt kilomètres. Dans la commune de Boudjima également, lorsqu’il y a agression ou autre cas nécessitant le concours de la gendarmerie, c’est à la brigade de la commune de Sidi Naâmane qu’il faudrait s’adresser, à plus de trente kilomètres par route. Bien entendu, il n’y a que le simple citoyen qui peut être concerné par ces gymnastiques qui touchent encore plusieurs autres localités. Dans le cas du arch des Ath Ouaguenoun, qui compte plusieurs communes, dont Ait Aissa Mimoun et Boudjima, le problème est encore plus grave puisque tout ce versant est dépourvu de corps de sécurité. Il n’y a ni gendarmerie, ni forces de l’ANP, ni police. On imagine le climat que cette défaillance aurait pu engendrer à Ouaguenoun n’eut été la sagesse de la population qui a su maintenir un climat de sécurité stable. Hormis quelques rares agressions, qui peuvent être enregistrées même en temps normal, la situation a pu rester sereine pendant ces quelques années. Il faut dire que ce versant de la wilaya n’est pas cosmopolite, ce qui permet de maintenir un climat paisible. L’absence d’un dispositif de sécurité approprié rend facile les kidnappings des investisseurs, qui n’ont été libérés qu’après paiement de rançons. Ou encore le hold-up ayant visé l’agence de la Banque de développement local d’Azazga, située en plein centre-ville en mars 2004. Une action ayant provoqué la mort d’un policier en faction. La population ne peut que se réjouir d’un éventuel renforcement du dispositif sécuritaire. Mais pour rentrer dans une polémique stérile, elle ne semble pas du tout en être disposée. Surtout que ces derniers temps, le sujet du redéploiement des gendarmes prend des allures de fond de commerce. Après tamazight, les 120 martyrs, c’est autour de cette question d’être manipulée par des courants qui guettent la moindre occasion pour rebondir. Paradoxalement, quand d’humbles citoyens de la wilaya sont assassinés ou lorque des véhicules sont subtilisés, ces même courants, dont on croise les dirigeants rarement dans des endroits populaires, observent un mutisme total. Pis, ils poussent le cran jusqu’à dire que ce sont les autorités qui simulent des actions de banditisme, pour faire croire à un climat d’insécurité qui amènerait les citoyens à revendiquer le retour des gendarmes. Il y a aussi la position hypocrite du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie) qui, il n’y a pas longtemps, n’arrêtait pas de demander une session extraordinaire de l’APW sur la situation sécuritaire dans la wilaya. Aujourd’hui, ce parti ne tranche pas clairement sur cette question même si, récemment, il a osé cette sortie, par la voix de son chargé de la communication : « Nous n’avons jamais revendiqué le départ des brigades de gendarmerie”. Le FFS, de son côté adopte une posture très nuancée. C’est dire que chez ces deux partis, le populisme et les calculs électoralistes priment sur les intérêts directs et vitaux de la population, la sécurité étant une question de vie ou de mort.

Aomar Mohellebi

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