Faute de preuves, l’accusé d’attentat à la pudeur a été acquitté

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Hier au tribunal criminel de Béjaïa, l’accusé sur qui pèsent les accusations d’attentat à la pudeur avec violence et de détournement de mineur, a nié d’un bloc tous les faits que le juge, qui l’interrogeait lui reprochait. Il soutient, notamment, qu’il n’a pas de R19 verte dans laquelle il aurait pris sa victime, qu’il n’avait pas de permis de conduire et qu’il ne savait même pas conduire, que la victime, il ne la connaissait pas du tout et que ce qu’il sait d’elle, il l’a appris lorsqu’il était en prison, que tous les faits dont il est accusé sont un scénario sorti tout droit de l’imagination de la personne qui lui veut du mal.

Ayant déjà purgé deux peines de prison pour viol, 18 mois et 3 ans, il fait remarquer au juge qu’en tant que repris de justice, il est la proie facile pour qui lui veut du mal. Il ajoute devant le juge qu’une femme, sans la citer cependant, a juré de le renvoyer pour toujours en prison. Et il précise que ce n’est pas exclu que ce ne soit pas cette femme qui aurait, au moyen de l’argent, manigancé toute l’affaire. Selon le procureur général qui a, dans sa longue intervention requis 20 ans de réclusion criminelle, les faits remontent à l’après-midi du 23 juin 2005, lorsque vers 16 heures, l’accusé M. L., 33 ans alors au volant de la R19 verte aux alentours de la foire d’Ihaddaden, il embarque la victime M. S., 17 ans, à bord de la voiture et prend le chemin de la plage de Boulimat, où ils se promèneront toute la nuit. Et vers 5 heures du matin, toujours selon l’accusation, il emmène la mineure M. S., dans la maison inhabitée du cousin à Ihaddaden. Et c’est là qu’il l’a sodomisée après l’avoir frappée au visage parce qu’elle s’était refusée à lui. Le lendemain, à cause des nombreux hématomes qu’elle avait au visage, elle refuse de sortir de peur qu’on la voie défigurée. Ce n’est que le 5e jour, une fois toutes les traces de coups disparus, qu’elle décide de quitter la maison, de consulter un médecin, qui prescrira 10 jours d’arrêt de travail et de déposer plainte. Le procureur général étayera son accusation par des preuves qui sont les déclarations de la victime devant le juge d’instruction, l’existence de la R19 verte conduite par l’accusé et le certificat médical qui en plus des 10 jours d’arrêt de travail, fait mention de la déchirure de l’anus.

Assurée par Maître Benamara Hakima, la défense a axé son intervention sur l’inconsistance des preuves apportées par l’accusation, l’absence totale de témoins et même de la victime elle-même. Alors que l’accusé a purgé 16 mois de prison préventive, martèlera-t-elle, la victime n’a même pas daigné se présenter à l’audience. Elle mettra également l’accent sur le fait que son client qui ne sait même pas conduire puisse conduire une R19 de Béjaïa à Boulimat et de venir en pleine nuit.

Au cours de son intervention, elle soulignera également qu’une réquisition doit être bâtie sur des preuves et sur des convictions personnelles et non sur les antécédents judiciaires de l’accusé. A la fin de sa prestation, elle plaidera avec insistance l’acquittement de son client.

Et après délibérations, le juge suit la défense dans sa proposition.

B. Mouhoub

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