Malgré les mises en garde exprimées par plusieurs associations et autres particuliers au mois d’avril 2006, au moment où les travaux n’étaient qu’à leur début, le projet d’implantation d’une centrale de production du béton bitumé (station enrobage) est allé à son terme. Cette station est devenue en ce moment un objet de discorde tant les voix qui s’élèvent contre sa mise en fonction sont multiples. En effet, située à proximité des terres agricoles appartenant à la zaouia Sidi Ahmed Ouyahia (105 hectares) et jouxtant le village Akhenak en amont et la ferme Chenna en aval, cette colossale infrastructure s’érige tel un monument au milieu des vergers, dominant des arbres fruitiers, des centaines d’oliviers et narguant le paysage édénique qui l’entoure. Faite d’acier et de béton, elle s’apparente à une balafre tracée sur la face de ce décor naturel ou le vert des plantes se marie avec le noir de la terre.
Parmi les premiers qui ont tiré la sonnette d’alarme juste au début des travaux de terrassement et qui continuent de pester contre les Autorités lesquelles n’ont pas daigné l’écouter ou trouve que l’association religieuse de la zaouia d’Amalou s’est distinguée, et ce en la personne de son président, M. Badreddine Mohand Ouidir, qui a tenu ces propos lourds de sens : “Dès le début des travaux de terrassement, j’ai manifesté non seulement mon opposition mais aussi mon indignation sur le fait que le développement du projet ait pris une cadence incroyable avant même qu’aucune autorisation n’eût été délivrée au maître d’ouvrage et sans même qu’une quelconque enquête commodo incommodo ne fût ouverte. Les Autorités locales, approchées par nos soins, ont avancé qu’une autorisation a été délivrée par le Ministère de l’environnement, mais que cela est loin de justifier le retard accusé pour le déclenchement de l’enquête au niveau de la commune et le timide affichage du début de celle-ci. C’est ainsi que les Autorités locales dégagent toute responsabilité, arguant le fait que leur mission est terminée et que la décision finale revient aux Autorités supérieures.” Devant cette “aberration” et sentant l’anguille sous roche, les autres associations jointes ont manifesté leur refus à ce qui s’apparente à une catastrophe écologique programmée. Ainsi, les représentants des associations de Biziou et d’Akhenak auxquelles s’est joint un important exploitant agricole, en l’occurrence “Anki” ont abondé dans le même sens que l’association religieuse Sidi Ahmed Ouyahia pour s’élever par le biais d’une déclaration contre, disent-ils, “ces pratiques malveillantes qui menacent notre santé et celle de nos enfants” car, même s’il y a autorisation, celle-ci est faite “en transgressant les règles, notamment le décret exécutif n° 98-339 du 19 radjab correspondant au 3 novembre 1998, définissant la réglementation applicable aux installations classées et fixant leur nomenclature.” Au fait, a-t-on tenu compte des oppositions ? A l’heure actuelle, le bras-de-fer continue et les contestataires n’ont pas l’air de vouloir abdiquer parce que, pour eux, la menace sur l’environnement pèse toujours, étant donné que la mise en fonction de cette station ne saurait tarder.
Si tel est le cas, ce sont les villages avoisinants qui sont menacés, en plus de quelques
3 000 agrumes, 6 000 vignes, 800 têtes de bovins et ovins et des centaines d’oliviers répartis sur six hectares. Les émanations de gaz toxiques et de poussières peuvent tuer à la longue. Certes, nul n’a le droit d’entraver le lancement d’une activité économique mais le terrain est très mal choisi car il est typiquement agricole, surtout que la zone d’activité de Seddouk est encore fraîchement réceptionnée.
A. M. Arezki
