20 ans de réclusion pour le meurtre de son cousin

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C’est cette affaire que le tribunal criminel près la cour de Béjaïa a eu à examiner hier en appel. Lors du premier jugement qui s’est déroulé le 29 juin 2004, l’accusé a été condamné à la peine de réclusion criminelle à perpétuité. Et dans le présent procès, c’est la même peine que le procureur général a requis. Mais après délibération, le juge a retenu une peine de 20 ans de prison contre l’accusé.

Bien que le juge lui ait demandé à plusieurs reprises d’aller à l’essentiel, l’accusé a réussi malgré tout à faire la genèse de toute l’histoire qui l’oppose à son cousin. Il dira que dans le temps, les notables du village de Riquet dans la commune d’Adekar ont acheté le terrain qu’ils ont partagé entre les sept familles du village. Chacune a eu son lot de 48 mètres et sa famille a eu un lot de 56 mètres parce que ce lot est traversé par un oued. Son cousin H. Y., habitant Alger depuis 36 ans qu’il a chargé son chauffeur de remplir l’oued qui passe devant sa maison de pierre et de terre, et n’a laissé qu’un lit de 70 cm de large. De sorte qu’en cas de pluie, les eaux viennent s’engouffrer dans sa maison. De plus, il y déverse aussi ses eaux usées qui à la longue finissent par s’infiltrer dans la maison de l’accusé. Et pour clore le tout, dit encore l’accusé au juge, il a planté toute une haie de figuiers de barbarie devant la porte de la maison. C’est ce litige qu’il y a entre eux. Le vendredi d’avant le jour du drame, la victime est allée demander pardon à l’accusé. L’affaire est normalement close. Mais voilà que le lendemain ou le surlendemain, la victime fait venir un huissier d’Akbou pour prendre les mesures du terrain familial, ce qui met l’accusé hors de lui. Il demande des explications à la victime, celle-ci pour toute raison, selon l’accusé, lui crache au visage. Et l’accusé, qui a alors une hache entre les mains, donne plusieurs coups sur le crâne de la victime. On était le 2 janvier et la victime rendra l’âme le surlendemain 4 janvier 2003. Les faits sont établis, l’accusé a reconnu son crime. Reste à savoir s’il y a prémidation et guet-apens ou non.

Pour la partie civile et l’accusation, c’est évident : l’accusé qui en voulait depuis longtemps à la victime est allé à elle en cachant son arme. Sous prétexte d’acheter des bonbons, il a fait entrer le commerçant avec qui était assise la victime dans le magasin pour qu’il ne puisse pas lui porter secours. Il lui a ensuite assené plusieurs coups de hache de haut en bas sur le crâne. Ce qui suppose, selon Maître Mokrane Aït Larbi, qui assure la partie civile, que la victime était assise, position d’où elle ne pouvait lui cracher à la figure. S’ensuivent ensuite, par le procureur général et les avocats des simulations des différentes façons de porter une hache : à l’épaule, derrière la nuque ou accrochée à la ceinture. Pour le procureur général, la hache se pointe visiblement à l’épaule de sorte que tout le monde puisse voir que son possesseur n’a aucune intention belliqueuse. Pour les avocats de la défense, une hache peut aussi bien se porter derrière la nuque ou accrochée à la ceinture sans que son porteur ne puisse être soupçonné de quoi que ce soit.

D’ailleurs, toute la plaidoirie de la défense, assurée par maître Zerar A. Belkacem et Messaoudi Allaoua sera axée essentiellement sur le fait que l’accusé n’avait aucune intention d’attenter à la vie de la victime. Selon la défense, le drame est arrivé seulement parce que la victime, sûre d’elle-même, au lieu de répondre aux salutations de l’accusé, s’est permise de lui cracher au visage. Il n’y a donc selon les avocats, ni préméditation ni guet-apens.

B. Mouhoub

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