La Dépêche de Kabylie : Actuellement, le MBB patine. Témoins ses quatre derniers résultats négatifs. Peut-on connaître la ou les raisons ?
Hamadi Noureddine : Je crois que nos quatre défaites consécutives sont dues à la cassure qui a eu lieu durant le mois de Ramadhan. Les joueurs qui avaient réclamé leur dû, ont par la suite réagi en boycottant les séances d’entraînement et cela pendant une quinzaine de jours durant la période de Ramadhan. Cette situation de gel n’a pas été sans conséquences négatives et, de ce fait, il n’a pas été aisé d’y remédier. Un joueur qui ne s’entraîne pas pendant tout ce temps ne peut être productif.
A cela, est venu s’ajouter le départ de l’entraîneur Salem Gaci, juste après le mois du jeûne. Il ne restait que son adjoint, Rabah Rezoug, qui a eu le courage de poursuivre sa mission. Malheureusement, les deux situations précitées et le cumul des problèmes ont influé négativement sur l’ensemble de l’équipe. D’où quatre matchs, quatre défaites.
Le plus grand problème avec les joueurs n’est-il pas d’ordre financier ?
Effectivement, le problème d’argent a été la source du mal qui a rongé le climat au sein de la section football. Vous savez, en sport, dans toutes les disciplines sportives, le plus grand problème demeure les finances. C’est le nœud gordien de tout club sportif et de toutes les associations sportives. Le MBB, comme vous le savez aussi, est un club communal, donc qui subsiste financièrement grâce aux subventions de l’APC qui est notre principal pourvoyeur de fonds, ainsi que celles émanant du fonds de wilaya. Ces aides non négligeables, certes, ne nous parviennent pas à temps. Les retards dans leur réception engendrent automatiquement le retard dans le paiement des dus des joueurs, des entraîneurs et autres. De plus, le club est endetté depuis plusieurs années, bien avant l’élection de l’actuel bureau du CSA. Ainsi, nous ne pouvons satisfaire en temps voulu nos créanciers et les joueurs auxquels nous devons de l’argent. Certains fournisseurs ont esté le club en justice, action qui a conduit au blocage du compte du club par la banque. Ceci étant, je reste optimiste car les choses semblent se normaliser avec les joueurs, du moins avec ceux qui s’entraînent actuellement, y compris certains grévistes qui ont réintégré l’équipe. D’ailleurs, leur situation sera assainie cette semaine (entretien réalisé lundi dernier, ndlr).
Donc, si nous comprenons bien, la réaction des joueurs est légitime…
J’en conviens. Les joueurs, du moins une grande partie d’entre eux, ne vivent que du salaire du club. C’est leur gagne-pain. Leur réaction est tout à fait légitime et je les comprend. Cependant, ils savent aussi bien que moi que le club n’a pas de grands moyens pour les satisfaire à temps. Pour moi, c’est un grand dilemme. Comme dit le proverbe kabyle : “Wa maâdur, wa d lhaqis”. A cela s’ajoute le problème des dettes qui nous accablent et qui nous paralysent.
A propos de dettes, ce problème remonte à loin, n’est-ce pas ?
Effectivement, et comme je l’ai dit auparavant, la plus grande partie de ces dettes sont antérieures à celles de l’actuel bureau. Ces dettes se sont accumulées à tel point que nous nous trouvons dans une très mauvaise passe. Ceci étant, nous ne fuyons pas nos responsabilités et nous assumons l’actif et le passif. Notre souci est de nous acquitter de ces charges en les honorant. Ce n’est qu’une question de temps et nous nous y employons du mieux que nous pouvons. Nous demandons simplement à nos créanciers de ne pas s’impatienter et de ne pas entreprendre des actions qui compliqueraient la situation.
Vous parlez du passif en ce qui concerne les dettes comme d’un lourd fardeau…
Et comment ! De toutes nos dettes, les nôtres, celles de l’actuel bureau et cela depuis deux ans n’excèdent pas les 20%. C’est dire que nous essayons d’éviter tout abus. En ce qui concerne les principales dettes ce sont celles des joueurs, principalement leurs salaires, celles des fournisseurs sont régulièrement réglées.
Ne croyez-vous pas que ce sont les promesses non tenues et les retards dans le paiement des joueurs qui ont démotivé ces derniers, d’où les mauvais résultats enregistrés ?
Vous savez, ce n’est pas facile de dire toujours la vérité aux joueurs car elle est très amère. J’ai fait des erreurs et je le reconnais. J’ai fais des promesses aux joueurs et aux entraîneurs et je n’ai pas pu les tenir, mais croyez-moi, j’ai fait ces promesses par rapport aux garanties que j’ai eues des responsables. Or, il s’est trouvé qu’à chaque fois, lors de l’adoption des budgets, les sommes allouées au club ont été en-deçà de ces garanties. Ce qui a fait que je n’ai pas tenu ma parole et honorer les promesses faites. De plus, le blocage intempestif du compte par la banque et les ponctions opérées réduisent considérablement les marges de manœuvres.
Toujours est-il que les rumeurs concernant la mauvaise gestion vont bon train…
Quelqu’un a dit “Dieu, préservez-moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge”. Les rumeurs dans les cafés et autres bas étages ne me font pas peur. Ceux qui débitent à tout bout de champ des inepties sont ceux-là même qui sont incapables de lever un tout petit doigt pour aider le club. Leur seule force réside dans le dénigrement. Ceux-là, croyez-moi, me sont personnellement insignifiants. Par contre, le club a des amis qui agissent positivement et dans l’anonymat en celui apportant largement leur contribution. Il y a parmi ces amis du club ceux qui avaient occupé le poste que j’occupe actuellement. C’est dire que leur soutien me fait oublier qu’il existe une vermine.
Revenons aux joueurs. Vous avez, suite à la grève de certains d’entre eux, exclu près de la moitié de l’équipe. Pouvez-vous nous éclairer sur cette question ?
Volontiers. Suite à la cassure qu’a subi l’équipe et leur refus de réintégrer le reste du groupe, nous avons attendu de ces joueurs qu’ils reviennent à de meilleurs sentiments, mais en vain. Nous avons dû alors appliquer le règlement intérieur, dans toute sa rigueur, par souci d’appliquer et de préserver la discipline. Nous avons alors dû sanctionner les récalcitrants en laissant toutefois les portes ouvertes pour d’éventuels recours. C’est ce qui s’est produit. Parmi ces joueurs, deux ont introduit leur recours, sont passés devant la commission de discipline et ont repris normalement leurs entraînements. Il s’agit de Kettaf et Mériem. Quant aux quatre autres, les deux Bouamirène, Bachouche et Dani, ils ne se sont pas manifestés jusqu’au jour d’aujourd’hui. De ce fait, nous ne pouvons que nous désoler de leur attitude négative au moment où l’équipe a grandement besoin de leur apport. Ce sont des enfants du club et de la ville, mais ils ont failli et c’est dommage. En tout cas, ce n’est pas leur absence qui nuira à l’équipe, celle-ci remontra la pente et dans très peu de temps. Le MBB fera parler de lui dans les toutes prochaines semaines. Nous avons une belle équipe qui peut relever le défi.
Au niveau du staff technique également, les choses ne vont pas bien. N’est-ce pas ?
Plus maintenant. Les choses s’amélioreront dans peu de temps. Le départ de Gaci nous a fait réfléchir et nous avons décidé de faire appel à un enfant du club et de la commune. Il s’agit de Amar Tabouni qui n’a pas hésité à répondre favorablement à notre appel. Officiellement, Amar est le nouvel entraîneur du MBB. C’est un technicien compétent qui réussira, j’en suis sûr, à redresser la barre. Tabouni a déjà travaillé avec moi et n’était la maladie qui l’a éloigné du club, il serait encore avec nous jusqu’à aujourd’hui. En tout cas, il est le bienvenu et nous sommes là pour lui faciliter la tâche.
Passons aux autres sections. Où en est leur situation ?
Vous savez, notre triple objectif est de faire du MBB un club crédible, d’honorer toutes les dettes et de donner autant d’importance aux autres sections. C’est cette politique que nous menons. S’agissant de ce troisième point, nous pouvons dire avec fierté que nous avançons bien. Le volleyball féminin a atteint un haut niveau et nous avons récupéré nos volleyeuses. C’est de bon augure. D’ailleurs, elles ont le soutien et l’aide des autorités de la wilaya. Il y a aussi le handball masculin qui a entamé la compétition. L’athlétisme et le basketball rentreront dans quelques semaines dans la phase de préparation et nous veillons à ce que tout se déroule dans de bonnes conditions. C’est vous dire que nous ne négligeons aucune discipline.
Entretien réalisé par A. Chebla