Quarante-quatre ans après l’indépendance, l’Algérie compte encore sept millions d’analphabètes. Le plus inquiétant, le plus révoltant aussi, c’est que les deux tiers de ceux qui ne savent ni lire ni écrire ont entre 20 et 59 ans.
Autrement dit, on n’a pas affaire seulement à des personnes âgées, qui n’ont pas eu la possibilité, à cause de la colonisation, de fréquenter l’école, mais des jeunes, des hommes et des femmes d’âge mûr qui, eux, auraient dû bénéficier des lumières de l’instruction.
Pourtant des milliards de dollars ont été dépensés pour construire dans tout le pays des écoles ; des lois existent qui imposent l’obligation de l’instruction ; des bourses ont été octroyées aux plus démunis pour poursuivre leurs études… La dégradation des conditions de vie, qui obligent de plus des enfants, notamment dans les zones rurales, à travailler pour aider leurs familles, explique ce phénomène. D’autres considérations entrent aussi en jeu : éloignement des établissements scolaires, cherté des fournitures…
A ces analphabètes qui n’ont jamais fréquenté l’école, il faut ajouter tous ceux qui l’ont fréquenté mais qui en sont sortis tôt de sorte qu’ils savent à peine déchiffrer les caractères d’écriture ; d’autres ont été à l’école jusqu’en 9ième année mais ne savent ni lire ni écrire : l’école n’a été pour eux qu’une sorte de garderie !
Les autorités promettent d’éradiquer dans les prochaines années ce phénomène : mais y mettra-on les moyens nécessaires ? La lutte contre l’illettrisme n’est pas seulement une question de sous, c’est avant tout une affaire de stratégie.
S. Aït Larba
