C’est à un constat sans complaisance dur par moments, que se sont livrés élus et opérateurs économiques réunis mercredi après-midi au siège de l’APW. Il s’agirait pour tous de saisir l’opportunité de cette première pour tenter de définir un cadre de concertation et de dialogue, dans l’optique d’une stratégie de développement de la wilaya. Ils étaient nombreux, capitaines d’industries et tycoons locaux à investir la salle qui du coup, s’est avérée trop exiguë pour abriter tout ce beau monde. M. Mohamed Bettache, P/APW dès l’entame des travaux n’a pu s’empêcher d’enfourcher son dada favori : “La marginalisation de la wilaya qui voit tous ses efforts freinés par une administration lourde et inefficace, une bureaucratie qui détient la palme en matière d’obstruction et un système bancaire obsolète”. Notre wilaya, dira le président qui détenait la pôle position en matière de développement trotte désormais en queue de peloton.
Et la pauvreté galopante nous fait craindre le pire pour l’avenir. Les conditions minimales pour relancer la machine du développement ne sont pas réunies. Malgré nos multiples appels pour la mise à niveau de notre machine productive, l’administration demeure peu encline à se départir d’une inertie qui tout en faisant tâche d’huile, décourage toutes les bonnes initiatives locales qui se retrouvent ainsi dans l’obligation d’aller vers des cieux plus cléments ou “infine”, ils trouvent leurs comptes”.
Et de proposer à tous la mise sur pied d’une cellule de réflexion sur le développement local. Lui succédant, M. Abdelkader Hocini, représentant local de la CAP, sans détours s’est livré à un diagnostic amer : l’entrepreneur local passe de Charybde en Scylla, d’une administration source de blocage à des assemblées élues peu disposés à bouger le petit doigt pour ne serait-ce que se ranger derrière l’investisseur en proie à la lourdeur, en passe de devenir légendaire d’une bureaucratie aux capacités de nuisance et de découragement peu connues. “La situation, ajoutera-t-il, nous fait peur. A l’absence d’investissement s’ajoute un chômage qui suit une courbe ascendante, quoi qu’en disent les responsables de la wilaya. Ils sont des milliers, voire des dizaines de milliers de victimes d’un système qui ne tolère aucune concession, fut-elle humanitaire, en quête d’emploi. Un privé dynamique, encouragé par une facilitation à tous les niveaux pourra certainement absorber tout ou une partie de ces laissés-pour-compte”. Et de terminer sur une note ferme : “Le temps du silence est révolu. Désormais, la contestation et la dénonciation systématique des entraves bureaucratiques feront partie de nos préoccupations majeures. Il y va de notre avenir à tous”. Pour M. Azzoug, patron de la puissante BTPH, il s’agit plus d’amorcer un dialogue avec l’administration que d’engager une polémique douteuse. Revenant un peu sur le problème du foncier, brandi à chaque fois comme épouvantail à même de décourager le plus hardi des investisseurs, il dira sans ambages “que c’est un faux problème. Le foncier est disponible, il suffit seulement de le viabiliser”. Les débats, qui s’ensuivirent, furent intenses et ont presque entièrement tourné autour des entraves créées de toutes pièces par une bureaucratie bloquante. “Ailleurs, on est accueillis à bras ouverts”. Un mythe vient de tomber à Béjaïa, si les entreprises ne se bousculent guère au portillon, c’est parce qu’aucun stimulant n’est mis à leur disposition. Les entreprises locales sont en train de faire le bonheur d’autres wilayas, par leur sérieux et leur savoir-faire…
Mustapha R.
