Le regard lucide d’un humaniste

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Universitaire de talent, il observe les tranformation du monde d’aujourd’hui avec les yeux de quelqu’un qui veut concilier le progrès avec d’autres valeurs indispensables pour l’équilibre de l’Homme.

Economiste de talent, Omar Aktouf écrit des livres pour faire connaître sa vision, souvent originale et iconoclaste. C’est lui qui a écrit l’excellent essai intitulé Algérie, entre l’exil et la curée (sorti aux édition l’Harmattan à Paris). Omar Aktouf est professeur titulaire de management à l’Ecole des hautes études commerciales de Montréal. Ancien cadre supérieur dans l’industrie, diplômé dans plusieurs disciplines des sciences sociales, il est membre fondateur du groupe Humanisme et gestion de l’Ecole des HEC. Ses travaux ont été traduits en plusieurs langues.

Dans un autre livre de valeur, intitulé la Stratégie de l’autruche, il raconte le management et la rationnalité économique à l’époque de la postmondialisation.

“Lorsque 3 milliards d’individus – soit la moitié de la planète – “ vivent “ avec moins de 3 $ par jour, que 225 milliardaires possèdent l’équivalent de l’avoir de 2 milliards de personnes, que 51 sociétés figurent parmi les “100 premières économies du monde”, que l’économie mondiale est à 90 % spéculative, que la masse financière (hors actions et obligations) circulant quotidiennement représente 10 fois la valeur des réserves cumulées de toutes les banques centrales du monde… est-on encore loin du non-sens absolu ? En ce début du XXIe siècle, des voix s’élèvent contre le trop grand nombre d’erreurs commises dans la conduite des affaires économiques mondiales. Peut-on parler de simples erreurs de calcul et de prévision ? Certes, non. Il s’agit de fautes, de fautes économiques et gestionnaires graves, qui touchent à la conception-même de notre monde et de son fonctionnement.

Est-ce la chose réparable par d’autres calculs et prévisions, en utilisant les mêmes prémisses et les mêmes schémas d’analyse ? Partant du constat d’échec cuisant des “Trois révolutions de la modernité” (révolution industrielle, automatisation et informatisation-information) dans leurs promesses de procurer à l’humanité confort, bonheur et satiété, l’auteur propose de modifier radicalement nos visions des choses… Mais ceux qui détiennent le pouvoir et les privilèges le souhaitent-ils ? Admettront-ils que tout sur cette terre dominée par le management/économie semble s’écrouler inexorablement ? Pourtant, économistes et gourous du management – éternels complices – continuent à garder la tête dans le sable… tout en nous expliquant pourquoi il est rationnellement justifié de faire l’autruche”, peut-on lire dans un texte de présentation de cet essai important.

Omar Aktouf intervient dans les médias du monde pour tenter de la changer, dans la mesure du possible. La Stratégie de l’autruche, le nouveau-né éditorial du professeur de management exerçant à l’Ecole des hautes études commerciales de Montréal, est assurément un ouvrage que tout analyste sérieux de la conduite des affaires économiques mondiales et de ses conséquences dramatiques sur le vécu de l’humanité dans son ensemble mais sans doute plus encore sur les populations des pays les plus pauvres, doit consulter. En ce début du XXIe siècle qui voit des voix de plus en plus nombreuses s’élever contre les dérives de la mondialisation, ce livre écrit par un professionnel du management apporte la preuve que les résultats incriminés ne sont que la conséquence logique du modèle de management dominant arrimé à une pensée économique nord-américaine elle aussi dominante, qui portent en eux les germes des échecs constatés. Les prétendues «sciences» de l’économie et de la gestion étant enfermées dans des dogmes et un économissisme de plus en plus étroit et aveugle, ce n’est certainement pas sur elles qu’il faut compter pour mieux conduire les affaires économiques du monde. Si cela avait été possible, le monde, qui n’a jamais possédé autant de diplômés en management, se serait certainement mieux porté qu’il ne l’est réellement aujourd’hui. Le professeur Omar Aktouf se tourne alors vers la pensée économique qui influencerait positivement le management en l’imprégnant notamment des préoccupations d’ordre économique, social et écologique qui sont aujourd’hui le lot de l’écrasante majorité de la population mondiale.

La pensée économique à laquelle il aspire n’est malheureusement pas celle qui prévaut actuellement et qui par ses préjugés tenaces, ses contradictions et ses dogmes ne peut conduire qu’à des échecs recommencés. La pensée économique adaptée aux nouvelles

préoccupations du monde est donc à construire à la faveur de tout ce qui se fait sur le terrain des sciences, mais également des luttes sociales, notamment celles des altermondialistes de plus en plus nombreux à réclamer une meilleure conduite des affaires économiques de ce monde.

Comme l’a noté, à juste titre, l’ex-directeur général de l’UNESCO Fédérico Mayor Zaragoza, qui a préfacé l’ouvrage, “La Stratégie de l’autruche est un encyclopédique travail de réflexion approfondie qui jette une nouvelle lumière sur le grand froid économique et social que nous vivons en grande partie en raison de la dérive de la science économique vers un économisme dogmatique (business économics) et étroitement financier”, estime-t-il le quotidien El Watan.

Omar Aktouf écrit également des préfaces de certains livres qu’il juge intéressants. Ces préfaces sont également d’une pertinence avéréé.

Farid Ait Mansour

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