L’expérience québécoise peut-elle inspirer la Kabylie ?

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C’est ce qu’a tenu à mettre en exergue, le professeur José Boneyème, conseiller en gestion territoriale auprès du ministère des Ressources naturelles du Québec (Canada), lors d’une conférence sur les “principes et pratiques de développement local intégré dans le contexte de la mondialisation”, tenu jeudi dernier à Tizi-Ouzou, sous l’égide de l’INSIM (institut international de management) de Tizi Ouzou.

Se basant sur l’individu en tant qu’acteur primaire et essentiel dans le processus du développement local, le Pr Boneyème soutient que le ciblage de l’échelle locale signifie que le processus du développement doit être plus proche de la réalité quotidienne et collective. Il est “subordonné de part en part au souci d’améliorer le sort des individus.” Une thèse qui est en nette opposition de celle de Marx qui soutient que le développement est l’œuvre d’une société dans sa globalité et ayant inspiré les grands économistes du siècle.

L’approche défendue par le conférencier, celle-là même appliquée, à en croire ses dires, au Québec, peut être exploitée dans n’importe quel pays pour peu qu’il soit tenu compte des spécificités culturelles et comportementales des individus.

Et c’est à l’ensemble des individus vivant dans un espace commun que revient le choix de la stratégie à suivre pour mener leur localité vers un processus de développement qui réponde à leurs besoins quotidiens, a-t-il encore soutenu. Le conférencier n’a fait aucune référence au concept de décentralisation, puisqu’il a clarifié lors des débats que “le développement local intégré n’implique pas obligatoirement la décentralisation, quand bien même celle-ci dope le développement local.”

“Quels que soient les contextes, le concept de développement local intégré s’articule autour d’un effort qu’il faut consentir en vue d’actualiser et de valoriser les possibilités réelles et potentielles d’un “ pays ” ou d’une région”, dira-t-il encore.. M. Boneyème se veut plus explicite, même si cela paraît contradictoire sur la nature de l’État, quant à la nécessité sinequa non de mobiliser des ressources humaines, matérielles, techniques (le savoir-faire) et financières à l’échelle locale. Les ressources d’organisation, a t-il tenu à souligner, constituent la base de tout processus de mobilisation en vue d’amorcer la marche vers le développement local. “Quand bien même des pays nantis en ressources naturelles, humaines et financières pataugent dans le sous-développement, faute d’organisation.”

Encourager la diversité

L’échelon local demeure, pour le conférencier, un espace où se mobilisent tous les agrégats socio-économiques nécessaires au développement et à l’épanouissement de l’individu. “Le ciblage de l’échelle locale signifie que le processus du développement doit être plus proche de la réalité quotidienne et collective, et subordonné de part en part au souci d’améliorer le sort des individus.”

Pour le professeur Boneyème, le développement local intégré “ne peut être qu’un processus ouvert et doit être accepté comme tel” où l’essor de chaque groupe social doit être orienté en fonction de ses aspirations propres. Cela signifie, soutient-il encore, l’humanisation et la démocratisation de plus en plus poussée des moyens et des voies de développement.

En somme, le conférencier s’inscrit en adepte de la diversité sociale, culturelle et des ressources mais aussi de production qui sont à même de permettre à la société d’harmoniser ses sources de développement.

“Malgré les différences de productivité entre les industries de l’économie de prélèvement et celles de l’économie de mise en valeur, il convient de chercher à encourager la diversité afin d’éviter le développement de type mono-industriel.

Les acteurs du développement local intégré tiendront à harmoniser les usages du territoire entre ces diverses activités économiques”, a-t-il indiqué.

Le local, en tant que dichotomie, nécessite, selon le conférencier, un “portrait” détaillé pour faire connaître l’état des lieux de la wilaya en matière de distribution territoriale des unités de production, des projets privés, des projets communautaires, des projets commerciaux et des projets structurants; mais aussi de faire connaître le potentiel de développement disponible.

Enfin, le Pr Boneyème a énuméré les comportements qui nuisent à la marche du développement local intégré. Il s’agit, selon lui, d’éviter de fonctionner en solo, d’allonger les délais de réalisation de projets, dès la base, et le dédoublement des interventions, notamment en matière d’intervenant nécessaire à l’adoption du projet.

A signaler que cette conférence initiée essentiellement au profit des élus locaux et directeurs de l’exécutif de wilaya, n’a drainé que six élus municipaux et la directrice de la formation professionnelle.

M.A.T

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