l Mort très jeune, Tahar Oudjedi, était un grand chanteur Kabyle. Ses premiers pas dans l’art furent des pas prometteurs. Mais la mort a coupé court à sa vie. Il est parti au printemps, comme les oiseaux qui disparaissent dès que débute la saison des fleurs.
Tahar était un chanteur qui voulait graver tant de belles choses dans ce monde. Hélas ! La mort le prive de ses songes le 8 mars 1991 à Lyon, en France. Le fils D’ Ilbaten, un village de la commune d’Akfadou, dans la vallée de la Soummam, quitta le monde des mortels, un monde dont il a toujours été envoûté. Depuis, très peu d’ activités culturelles sont consacrées à son oeuvre et sa mémoire. L’un des rares hommages qui ont pu évoquer, vivement, la douce voix est la semaine culturelle organisée contre l’oubli par le lycée mixte de Sidi Aich. Durant toute sa vie, Tahar s’adonna à la culture et à la quête démocratique. Durant les années d’or de l’association communale d’Akfadou son engagement demeura infatigable. D’ailleurs nombre de gestes importants ne se sont réalisés que grâce à lui. Il y eut des galas artistiques, des conférences, des expositions, et plein d’autres acticités. Des personnes très connues, à l’instar de Feu Haroune Mohammed furent les hôtes de la défunte association. C’était le bon vieux temps, où les gens se consacraient au travail artistique et identitaire, sans fatigue et sans relâche.
Né en 1962, comme l’indépendance, Oudjedi voulu aller très loin, même si leur destin commun ne parvient pas à la liberté souhaitée. Se catapulter en dehors du tunnel qui s’oppose à l’ivresse de la vie est souvent une rude aventure. Malgré tout, le jeune artiste, à l’âme sensible, forgea ses pas contre vents et marées. Dès son plus jeune âge, le petit blond, découvrit sa grande passion pour la chanson. Au début, ce fut plus avec les amis qu’il manipulait sa guitare. Toutefois, s’ouvrir à un public de plus en plus large ne tarde pas à se concrétiser sur le terrain. En effet, une cassette, fruit d’un travail acharné, au monde.
L’album fut tiré à dix milles exemplaires, un tirage qui s’épuisa rapidement, sans qu’on pensât à une réédition.
On peut écouter six titres : lbabour (Le bateau), ; une chanson qui traite le déchirement d’un couple, tassa ( la tendresse ), arrach (l’identité), taâzizt (l’aimée), une très belle chansson où les mélodies harmonieuses du folklore kabyle se conjuguent, parfaitement avec des paroles très poétiques et, enfin, Imazighen. Un jeune de sa région, nous a confié que « Tahar avait vendu sa voiture pour se permettre d’éditer sa cassette ».
Après plusieurs années de l’apparition de la fameuse œuvre, elle est toujours absente sur le marché. D’autres chansons inédites de Tahar sont quelque part dans les terroirs. Peut-être qu’un jour ses proches décide de les mettre au grand jour. Nadir, frère de l’artiste, nous a parlé d’un travail allant dans se sens, même si un tel projet n’a guère été réalisé à ce jour.
Se souvenir d’un artiste comme Tahar Oudjdi est un devoir de mémoire. Peut-on oublier un poète ?
Y. C.
