L’ancien capitaine de l’équipe nationale de football, Lakhdar Belloumi, a été, jeudi dernier, l’attraction du tribunal criminel de Blida où se déroule, depuis plus d’une semaine, le procès de la caisse principale de l’affaire Khalifa. Devant la barre se tenait, Chachoua Abdelhafidh, directeur général de Khalifa prévention et sécurité(KGPS). Celui-ci affirme qu’il n’a vu Belloumi qu’une seule fois, lors de la rencontre ayant opposé l’Algérie à la France. Voulant le prendre au mot, la présidente du tribunal, Mme Fatiha Brahimi, fait appel à l’ancienne vedette des Verts en tant que témoin. La juge veut savoir qu’elle était la mission de l’incriminé à Khalifa. Belloumi répond que Chachoua avait des relations avec les sportifs. Il rappelle que parmi les gens qui l’ont contacté figurait Djamel Guellimi, ami d’enfance de Moumen Khalifa, et Abdelhafidh Chachoua. « Ils t’ont proposé combien ? », interroge la juge. « Un salaire de 80 000 dinars trimestriellement en plus de 40 millions de centimes pour chaque équipe. » répond Belloumi. La magistrate lui demande en quoi consistait son travail. Le témoin réplique qu’il signait des contrats de sponsoring avec des clubs d’Oran et de Tlemcen. Mme Brahimi veut des explications. « Je suis le représentant de sponsoring Khalifa dans l’ouest. Je contacte les clubs pour conclure des contrats de sponsoring. », explique-t-il et d’ajouter qu’il n’était pas celui qui discutait des contrats. « C’est moi qui préparait les contrats avant de les présenter aux présidents des clubs », dira-t-il. La juge prend la parole pour interroger Belloumi sur le nombre de fois où ill a eu à rencontrer Chachoua. Il déclare avoir rencontré le DG de KGPS à plusieurs reprises. « Je l’ai rencontré à la villa du groupe Khalifa à Hydra. Il m’a téléphoné pour m’inviter à assister à la signature du contrat de sponsoring avec l’OM. Une autre fois lors du match entre l’Algerie et la France et de l’équipe nationale algérienne et l’Olympique de Marseille ». Ces propos sonnent comme un désaveu de plus à Chachcoua. La magistrate veut savoir si ce dernier était chargé du sport. Comme pour enfoncer le clou, Belloumi soutient que Chachoua était présent à chaque rendez-vous sportif. Troublant comme aveu puisque le concerné reste de marbre en confirmant la véracité des déclarations de Belloumi. Sur ce, la juge reste étonnée. Toutefois, celui qui a été chargé de la sécurité des biens à Khalifa tente de se rattraper en affirmant qu’il a été présent à ces rencontres sur ordre de Moumen Khalifa. Une volte-face de mauvais goût. Concernant, les deux villas que Chachoua possédait, l’une à Cheraga et l’autre à Zeralda, la présidente dira que l’accusé à pu revendre cette dernière 500 millions de centimes alors qu’il l’avait acheté 700 millions de centimes. « Après les travaux effectués sur cette villa, si ce n’est pas là un blanchiment d’argent ? », interroge Mme Brahimi. « Jamais », rétorque Chachoua. Cette question n’a pas été du goût de Maître Ksentini. « Les faits qui m’intéressent sont les charges retenues par l’arrêt de renvoi », dira-t-il et d’ajouter : « il a pris de l’argent de son parton, c’est pas du vol ». La magistrate lui fait savoir qu’elle n’a pas de préjugés. Ksentini demande à Chachoua si l’argent qui est sorti de la banque était destiné à l’USM Blida. L’inculpé s’exclame : « C’est pas moi qui l’ai donné ! » Est-ce lui qui gère le groupe Khalifa ? lui demande toujours Ksentini. Chachoua dit qu’il avait des missions limitées à la sécurité. Le responsable de la CCPNDH veut savoir s’il était le bras droit de Khalifa Moumen. Négatif, répond l’accusé. De son côté, l’avocat Bergheul l’interroge au sujet des sacs d’argent. « Est- ce que les sacs portaient le sigle de Khalifa et avait des anneaux de fermeture ? », lui demande-t-il. Chachoua répond que ces sacs étaient biens ceux de Khalifa. Un autre avocat intervient pour lui demander s’il entendait dire que Khalifa donnait de l‘argent à de hauts responsables de l’Etat. « Je remet l’argent à Khalifa. Je ne sais pas ensuite de quelle manière il le gèrait. », sera sa réponse. Le représentant du ministère public rappelle à Chachoua que la gendarmerie a trouvé dans sa voiture un document portant sur la réalisation d’un documentaire sur le phénomène Khalifa doté d’un budget de l’ordre de 77 500 dollars américains. L’accusé récuse cette affirmation. Il dit que c’est Khalifa qui a laissé ce document dans sa voiture de type Golf, tout en soulignant avoir fait « des fois » le rôle le chauffeur pour l’ex-milliardaire algérien. « Je n’ai pas compris ce document. Est-ce un chèque ou autre ?. » La présidente de la cour lui demande pourquoi il n’a pas remis le document à Moumen Khalifa. « La gendarmerie l’a trouvé dans ma maison », soutient-il. Avant de lever l’audience, Mme Brahimi invite les avocats de la défense à mettre sur pied un plan de travail. Elle indique qu’au cours de cette semaine, la Cour aura à entendre les témoignages de Chachoua Abdelhafidh, Bakti, et le liquidateur de la Banque Khalifa avant d’appeler le gouverneur de la banque d’Algerie, Mohamed Leksaci, l’inspecteur général de la Banque centrale, et le ministre des Finances Mourad Medelci. la juge estimera que le tour viendra ensuite de débattre de toutes les agences d’El Khalifa Bank pour terminer avec les caisses qui ont versé l’argent dans cette même banque à l’instar des OPGI et des EPLF.
Hocine Lamriben