Des écrits inoubliables

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l Ses poèmes bien écrits sont des espaces fertiles et merveilleux. Habib Tengour est un auteur qui a marqué beaucoup de lecteurs. Habib Tengour est un poète né le 29 mars 1947 à Mostaganem, une région paradisiaque de l’Ouest algérien. Il fait ses études supérieures et enseigne la sociologie à l’Université de Constantine. Parmi ses publications on peut citer : Le vieux de la montagne, récit poétique, publié aux éditions Sindbad en 1983 et L’arc et la cicatrice, poèmes, édités chez ENAL (Alger), 1983. L’imagination sans limites de Tengour nous fait rappeler les classiques français. De nos jours, très peu de poètes se consacrent à cet aspect substantiel de l’écriture littéraire et surtout de l’écriture poétique.

« Rêve dit le rêve

Je veux un cheval rouge veiller dans sa crinière l’argile de l’insomnie séculaire

Comme les plaines élevées a la Table du dieu absent

Rêve la bien-aimée modelée de Lumière Il dit comme incantation

Et le poète trace le souvenir à

Contempler la bouteille de gaz vide de larmes

Elle était lune à ma machine mot doux murmuré au crépuscule qui faisait naître le désir au blé naissant.

Mon amour conte le rêve à la paume de ma main », écrit le poète. Ces vers bien ficelés témoignent d’une qualité littéraire indéniable. C’est dans le même processus qu’enchaîne le fils de Mostaganem :

« Je vous comblerai le regard dit Ulysse à ses Compagnons et vous verrez

On courbera la lune à polir le tremblement des lèvres à l’émerveillement du miel de lavande

Et le spectacle enfantin de découvertes à re-nommer le midi salé de nos doigts

Loin de la peine qui creuse le regard agile à se lier

Loin de mourir… Qu’attendre du Voyage disent les Compagnons

Et vingt années plus tard, Ulysse rentrait seul. Il se dirigea vers Le café de la marine et après avoir payé à boire à tout le monde, je vous comblerai le regard, dit-il,…

Le port interdit somnolait dans les cales des navires un marin encore tatouait l’horizon

Le Voyage nous étions nombreux à le souhaiter mais la mer n’exhibait que la graisse de ses blessures

Nous étions en exil dans nos mains nos rêves Des simulacres heurtant la moiteur des jours

Pourquoi nous dire fiers de montagnes muettes sceller le cri dans l’argile des lassitudes

Les rues sont grises d’intolérance la peur

Je m’éveillerai au turquoise de tes lèvres dit la vague aux regards suspendus ».

S’ils mêlent réflexion philosophique ou politique à la connotation historique, les textes de Habib Tengour sont avant tout poétiques. C’est un rite verbal qui hésite entre prose et poésie, mêlant ou juxtaposant les deux pour créer une sorte de récit polyphonique. Métissée, renforcée, découplée, la poésie demeure en effet le lieu des remises en question fondamentales et des libertés les plus aventureuses. Peut être que c’est le genre littéraire le plus élaboré et le difficile à maîtriser.

« Attends. La main glisse désarmée. Molle tristesse qui étreint l’herbe sucrée dans son paradis Passe un troupeau (des chèvres, quelques moutons)… maigre. Des nuages roses d’album d’enfants- à l’horizon. C’était joie, il y a si longtemps que la mémoire refuse de s’asseoir ; une hospitalité feinte. Le berger, un jeune homme de taille moyenne. Il marche bien loin derrière ses bêtes. Des pierres hostiles », écrit le talentueux universitaire dans un autre texte. Ces poèmes et tant d’autres n’attendent que d’être décryptés dans un pays où peu de gens lisent, très peu de gens.

Y. C.

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