Hier, elles n’ont pas eu la chance de s’instruire, aujourd’hui l’école primaire d’El Kerma (ex-Figuier), 3 km à l’est de Boumerdès, leur ouvre grandes ses portes pour apprendre à lire et à écrire. Ouvertes depuis le début du mois courant à l’initiative de l’Association locale des femmes sinistrées, présidée par Mme Sahraoui, enseignante de son état, deux classes d’apprentissage son devenues, là, en un laps de temps très court, un pôle d’attraction pour les personnes analphabètes des deux sexes. Jusque-là 35 femmes et six (06) hommes se sont inscrits dans cette école où l’on dispense gratuitement les cours d’alphabétisation. La présidente de l’association précitée, à caractère social, escompte une augmentation du nombre des apprenants.
Munis de leurs affaires scolaires, hommes et femmes se rendent les lundi et jeudi après-midi dans leurs classes. Selon un emploi du temps préalablement établi, ils ont droit, pour l’heure, à des cours d’initiation en langue arabe, en plus de l’éducation civique et des mathématiques élémentaires sous la houlette d’enseignants bénévoles.
On n’applique pas forcément la méthode utilisée dans l’école primaire, car l’on prend en considération l’âge et la psychologie spécifique des apprenants.
Lors de sa récente visite effectuée dans cette structure, un inspecteur de l’éducation exerçant dans la circonscription de thènia a remarqué que les femmes qui suivent les cours en question assimilent très vite, à telle enseigne que l’on n’éprouve guère avec elles le besoin de faire des révisions. Radjda, une fille de 12 ans, qui n’a guère été inscrite à l’école pour des raisons familiales, dit-on, veut rattraper ici le temps perdu. “Je suis disposée à la prendre à part pour renforcer son niveau et l’inscrire à plein temps dans l’école publique avec l’accord de l’organisme concerné”, promet la présidente de l’Association des sinistrées. Ces apprenants, jeunes ou adultes, ne demandent, a-t-on constaté, que davantage de connaissances. L’une d’entre-elles, Zohra, 50 ans environ, se rappelle de cette période post- indépendance où les femmes rurales étaient encore privées, à cause des tabous, du droit à l’instruction. “En apprenant à lire et à écrire, je pourrais enfin surmonter le sentiment d’infériorité devant mon entourage”. Et une autre plus jeune d’enchaîner : “En me cultivant, je pourrais aider mes enfants dans leur scolarité”. Mais hommes et femmes réclament l’introduction du français. Interrogée, l’initiatrice de cette action éducative a précisé que l’apprentissage de la langue française est prévu, pour peu qu’on trouve un enseignant bénévole. On souhaite également une aide de la part des pouvoirs publics pour couvrir les différentes dépenses. D’autant qu’on envisage, explique encore Mme Sahraoui, l’organisation de concours d’art culinaire avec des récompenses pour les lauréates.
Salim Haddou.
