La barbarie intégriste revisitée

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Il est 15h30 en cette journée de lundi, la veille du Ramadhan. Le boulevard Amirouche, à Alger, grouille de monde. Les automobilistes s’impatientent. Un bus assurant la ligne place des Martyrs-place du 1er Mai bondé de monde, est paralysé depuis déjà dix minutes. Soudainement, une Lada blanche, conduite par un jeune âgé de 17 ans, sort de la file et fonce droit sur le Commissariat central : 42 morts et 286 blessés. Le Groupe islamique armé (GIA) revendique cet attentat, justifié depuis Washington par l’un de ses chefs en exil, Anouar Haddam Une employée du Commissariat, qui a perdu son époux lors du lache attentat, a prendra la parole : « Aujourd’hui 30 janvier 2007, est un jour de souvenir de l’attentat du 30 janvier 1995 et d’hommage aux victimes. Nous avons une pensée pour ces martyrs. Il y avait des larmes mais aussi beaucoup d’émotion hier, ou des parents des victimes, policiers et citoyens étaient venus pour dire : Non à l’oubli”. Devant un parterre de journalistes, deux parentes de victimes et un officier de police déposent deux gerbes de fleurs sur les lieux, à la mémoire des victimes avant d’inviter les présents à l’intérieur du commissariat ou des bougies étaient allumées. Cette initiative émane, non d’une parente de victime ni du corps de la police, mais d’une simple citoyenne qui déclare avoir perdu dans « la boucherie d’Amirouche » deux des ses meilleures amies, une initiative que les officiers de la Police ont jugé louable.

« J’étais à la réception, avant même que les policiers en faction ne comprennent ce qui se passait, un bruit assourdissant a fait trembler les immeubles du quartier et fait voler en éclats les vitres. D’immenses flammes se sont élevées vers le ciel transformant les lieux en un véritable brasier causé par l’explosion d’une voiture chargée de 130 kg de TNT », affirme le brigadier Guendouz, avant d’ajouter, « des voitures calcinées, du sang partout et un grand feu sur le trottoir du commissariat. Des cris de douleur, des sanglots, des gémissements… La fumée noire et l’odeur de chair brûlée s’échappaient du bus carbonisé de l’Etusa. Le feu a emporté l’ensemble des passagers ».

C’était il y a dix ans, le 30 janvier 1995. Des scènes d’horreur qui ont marqué les mémoires. « Il fallait être à l’hôpital pour voir l’hécatombe », a dit avec émotion M.S un témoin avant de rendre hommage au président de la République pour « ses efforts en faveur de la restauration de la sécurité », mais aussi à l’image de cette femme qui est venue marquer sa présence, les larmes aux yeux, allongée sur un fauteuil « mon mari s’est déplacé comme chargé d’études à la BADR, il y est resté…après deux ans seulement de mariage ». Toutes ces personnes qui ont marqué cet hommage par leur présence disent être venues pour entretenir la mémoire et faire en sorte que le combat pour la République soit permanent.

Yassine Mohellebi

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