Même si l’époque de la prohibition est, depuis les années 30, largement révolue et qu’ Al Capone a été jeté en prison par Eliot Ness, de nouveaux incorruptibles refont surface en Algérie. Douze années après que le défunt Boudiaf se soit insurgé contre la pratique généralisée de la corruption et plus de deux siècles après que Montesquieu notait dans L’esprit des lois que “le pouvoir absolu corrompt absolument’’, la corruption demeure l’un des points noirs de l’Algérie profonde. Pour accéder au droit le plus simple, les citoyens sont souvent contraints de ‘’graisser la patte’’ à des responsables habitués depuis trop longtemps à de telles pratiques. On se souvient durant les années 90, que la route menant vers nos voisins du Maroc était devenue une véritable aubaine pour certains agents des Douanes, des policiers et des gendarmes qui établissaient des barrages routiers sur ce tronçon. A ce sujet, l’anecdote qui faisait fureur à cette époque disait que les enfants de ces derniers changeaient plusieurs fois par jour de vêtements : Survêtement et baskets arborant un logo de crocodile le matin, un jean ‘’marka’’ à midi, et classique branché le soir. Il faut dire que les trabendistes ayant découvert la filière marocaine ont certes importés frauduleusement des tonnes de marchandises, en causant un sérieux préjudice au Trésor public, mais ils ont toutefois réussi à exporter en plus des jerricans de carburant et du lait conditionné, une tradition fortement ancrée chez nous : la corruption. Ainsi les agents des forces publiques du royaume chélifien ont, à l’instar de leurs collègues algériens, vite assimilés ces pratiques, si bien qu’au bout de quelques mois seulement, il était totalement inutile de faire le voyage au Maroc étant donné que le bénéfice financier à tirer, était directement redistribué avant d’arriver…..aux frontières ! La propagation de ce fléau a pour origine de multiples sources, mais avant tout, et unanimement désigné par la société civile, l’éducation civique. Une éducation qui fait énormément défaut parmi une population sans cesse en quête de l’amélioration de son cadre de vie. Est-ce la pauvreté qui engendre la corruption ou la corruption qui engendre la pauvreté ? Les deux serons-nous tenté de dire car l’absence d’une véritable politique contre la corruption se fait ressentir. La création d’un comité pour lutter contre la corruption est un acquis, d’autant plus que les initiateurs de ce projet ont affirmé vouloir mobiliser la société civile pour lutter contre toute forme de corruption. Avec une plate-forme conçue comme une feuille de route, les initiateurs du comité de la sauvegarde des intérêts des générations futures ont du pain sur la planche pour éradiquer ce fléau installé aussi bien parmi la société que dans les rouages de l’Etat.
L’Algérie a certes ratifié plusieurs conventions dans le cadre de la lutte contre la corruption à l’instar de celles de Maputo et de New York, mais sur le terrain, les écrits ont beaucoup de mal à se concrétiser loin des yeux des incorruptibles représentants de la nation chargées de faire respecter les idéaux de non corrompus.
Hafidh Bessaoud
