L’avenir immédiat en débat

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Les derniers développements survenus autour de la question du dialogue, des perspectives du mouvement mais surtout de la question, prépondérante, des prochaines élections donnent du grain à moudre aux acteurs politiques de la région. Quant à la position qu’adoptera la coordination interwilayas des archs, en tant que telle, elle est attendue pour bientot. « On a installé une commission interwilayas pour réfléchir sur la position à adopter au sujet des prochaines élections, parallèlement à celle déjà installée ayant trait au bilan du dialogue, à l’organisation et au fonctionnement du mouvement, qui sera soumise à débat pour le prochain conclave interwilayas qui aura lieu à Bejaia le 22 février », déclare Rachid Allouache, délégué de la CADC.

Cette commission devra se pencher sur la question des élections « en attendant d’examiner le nouveau code électoral, l’annonce officielle de la date des échéances et l’évolution que connaitra la scène politique ».

Le délégué d’Ath Jennad tient à rappeler que cela ne signifie nullement que le Mouvement citoyen compte choisir entre deux recommandations, à savoir, participer ou rejeter le scrutin, « on n’a rien tranché », a-t-il dit. Même si cette observation est assortie de retenue, il n’en demeure pas moins que les animateurs du mouvement ne resteront pas indifférents aux prochaines élections.

« Le mouvement doit peser lourdement dans les prochaines consultations électorales, notre position une fois adoptée, sera suivi d’un intense travail sur le terrain. Il ne s’agit plus de se positionner mais de s’y impliquer activement », martèlera-t-il.

Aujourd’hui, dire que le pouvoir affiche une volonté d’en finir avec l’imbroglio kabyle n’est vraisemblablement qu’une illusion, confortée par cette incroyable légèreté avec laquelle le gouvernement traite un dossier aussi douloureux que complexe. Tout en affichant sa disponibilité pour la reprise du dialogue, les autorités versent aussi dans l’inverse, comme l’illustrent les récentes declarations du wali de Tizi-Ouzou quant à la dotation de toutes les daïras de brigades de gendarmerie. « Ce n’est pas en redéployant les gendarmes qu’on va éradiquer la délinquance et le banditisme. La jeunesse est livrée à elle-même. Le pays a besoin d’une politique en matière d’éducation, de logement et de travail… ».

Bezza Benmansour : « Vers un pacte citoyen »

Contacté hier par téléphone, le délégué de Sidi-Aïch n’a pas omis de faire le lien entre l’invitation du chef du gouvernement pour la reprise du dialogue et la stratégie électoraliste des islamo-conservateurs au pouvoir qui consiste à pousser le mouvement à un rejet actif du scrutin pour pouvoir s’accaparer ses sièges de la région, tout en sachant qu’il est impossible de réaliser zéro vote. « Nous étions dans une situation d’insurrection générale durant le Printemps noir, ce qui nous a poussés à rejeter les élections pour créer un vide institutionnel, une forme de pression sur le pouvoir pour le contraindre à satisfaire nos revendications », et d’ajouter : « Maintenant nous sommes à la table du dialogue. Les données ont changé. Ce qui nous dicte une orientation autre que celle du rejet ».

La participation aux élections? « Le mouvement ne sera pas hors-jeu. Une commission s’est penchée sur cette question. Je pense qu’on aura à choisir entre deux options : Participer directement, avec des listes en intégrant des personnalités et des acteurs de la société civile irréprochables, et l’autre, c’est de participer indirectement en soutenant une ou plusieurs listes s’engageant publiquement à militer pour la satisfaction de la PFK, une espèce de pacte citoyen ». A la question de savoir s’ils allaient composer avec les partis traditionnels de la région ? Le délégué de Béjaïa dira que « Le mouvement doit faire barrage à l’expansion des islamo-conservateurs, toutefois, nous n’allons pas soutenir ceux qui ont tout orchestré pour la caporalisation du Mouvement citoyen et son instrumentalisation à des fins étroitement partisanes ».

Questionné sur leur plan de bataille si jamais leurs revendications n’étaient pas effectivement mises en application, Bezza Benmansour rétorquera que « le dialogue, la mobilisation ou la rue seront toujours nos moyen de lutte ». Abordant La question du redéploiement de la gendarmerie, Bezza Benmansour affirmera que « le mouvement des archs tient toujours à sa position fondamentaleà savoir leur départ pur et simple. Leur présence dans certaines régions est franchement pléthorique, cela n’a pas empêché l’ accroissement de l’insécurité ».

L’interwilayas demeure ouverte

Par ailleurs, dans une déclaration rendue publique sanctionnant les travaux du 38ème conclave interwilayas tenu à Seddouk, dans la wilaya de Béjaïa, le week-end dernier,le mouvement citoyen des archs note que « le pouvoir réactive et utilise le dialogue, non pas comme un moyen qui appelle des solutions politiques à la crise,mais plutôt comme un accompagnement politique pour conforter ses desseins notamment électoraux » et exige dans le même sens la tenue d’un comité de suivi dans les plus brefs délais pour la signature du document final qui portera sur les engagements et l’institution d’un mécanisme de suivi des applications sur le terrain. Sur leur lancée, les animateurs du mouvement ont souligné que la question de l‘insécurité en Kabylie est instrumentalisée de façon honteuse en vue d’assurer une présence pléthorique des forces de sécurité et notamment, de la gendarmerie pour normaliser une région matrice des luttes pour la défense et la promotion de la citoyenneté. Réagissant à la tentative « d’assassinat dont a été victime, Belaid Abrika par la mafia locale », les rédacteurs de la missive estiment qu’il s’agit « d’une nouvelle forme d’intimidation pour faire reculer la mobilisation citoyenne et assurer ainsi à la débauche, avec tout ce qu’elle charrie comme maux sociaux, une expansion inexorable ». Réitérant leur engagement à demeurer mobilisés aux côtés des forces vives de la nation pour défendre les valeurs de démocratie, de justice et de citoyenneté.

Concernant les prochaines élections, les rédacteurs de la déclaration considèrent qu’elles constituent un enjeu crucial pour l’avenir du pays. A ce sujet une commission a été mise sur pied et chargée de réfléchir sur la position à adopter et sur lesquelles, le mouvement doit peser lourdement. Notons que cette réflexion sera proposée à la deuxième séance du conclave ouvert pour approbation, qui aura lieu le 22 février prochain.

Yassine Mohellebi

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