De Matoub à Belkhadem

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Le dernier congrès du RCD s’est déroulé le week-end dernier à Alger, avec un retard de cinq années. Saïd Sadi, président sortant, a été réélu – comme prévu – à l’unanimité, et avec en prime des pouvoirs quasi régaliens au sein du parti. Ainsi, les trois vice- présidences qui existaient ont été simplement supprimées car “inefficaces”. Le conseil communal devient la section et le bureau exécutif s’appellera désormais “secrétariat national”. La nouveauté née de ce dernier congrès est sans nul doute le rapprochement, assumé et revendiqué de Sadi, envers le courant islamo-conservateur. En effet, le chef du RCD, outre qu’il appelle le pouvoir à un “dialogue sérieux”, ne trouve aucun inconvénient à travailler avec les islamistes. Ce glissement sémantique dans le discours, le leader lui a donné une consistance physique par le choix des invités, mais également des hommes dans les structures issues de ce congrès. Après la double rupture prônée depuis des années et qui a constitué un des axes forts de la démarche du parti, voici venu le temps de la double réconciliation et de la main tendue vers le pouvoir et les islamistes. Cette “évolution” peut être matérialisée par une image, même si elle est caricaturale. En 1998, l’invité d’honneur au congrès du RCD était le résistant à l’islamisme et le militant de l’amazighité, le défunt Matoub Lounès. En 2007, les invités sont les concepteurs et les défenseurs du contrat de Rome à leur tête Belkhadem et Ali Yahia Abdenour, en plus du parti d’Aboudjerra Soltani. Ce revirement à 180 degrés, Sadi l’a probablement mûrement réfléchi et planifié. Le désir et la volonté de se rapprocher du pouvoir est scellé, mais il ne s’agit point de n’importe quel pouvoir. Sadi ne trouve aucun inconvénient à faire bloc avec le FLN et le MSP, afin de contrer le RND d’Ahmed Ouyahia. L’appel du pied à l’aile islamo-conservatrice, et à sa matrice romaine, prend de l’épaisseur et de la consistance avec la parade au premier rang d’ex-militants du FFS dans les structures. De la convergence démocratique de 1997 qui avait vu l’arrivée d’ex-cadres du FFS au RCD, Saïd Sadi veut utiliser les mêmes éléments pour une convergence populiste. Un cadre actuel du parti d’Aït Ahmed a eu cette réflexion : “Mais pourquoi donc Sadi ne prend pas contact avec nous pour cela ? Il aurait dû utiliser l’original à la place de la photocopie.”

Chérif Amayas

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