La mise en œuvre de l’augmentation salariale, une des mesures qui ont découlé de la Tripartite d’octobre dernier, demeure mitigée, selon l’avis du représentant de l’inspection du travail, Bachir Benbouzid, invité hier sur la Chaîne III. En effet, l’accord collectif signé par l’UGTA et les SGP, et la convention-cadre qu’a paraphée la Centrale syndicale, avec cinq organisations patronales pour enclencher un processus d’augmentation salariale de 10% à 20% pour le secteur privé, et de 15% à 25% pour le public, pour un total de quatre millions de travailleurs activant dans le secteur économique, n’est que partiellement appliqué, même si un bilan exhaustif et chiffré ne pourrait être dressé avant la fin du 1er trimestre 2007.
Il existe un réel engagement du secteur public
D’emblée, l’hôte de la radio a tenu à souligner que les conventions de rang supérieur, comme celles signées lors de la Tripartite, exigent, pour leur mise en vigueur, des négociations pour la signature de conventions collectives de branches pour le secteur public et des conventions-cadres pour le secteur privé au sein même des entreprises, en tenant compte des spécificités et de la santé financière de ces dernières. En ce sens, il fera savoir que le secteur public est réellement engagé dans cette dynamique de revalorisation salariale, en dépit de la situation économique peu reluisante des entreprises étatiques. Il expliquera qu’il a constaté » une certaine discipline et un engagement des SGP, ce qui exprime toute leur bonne volonté d’aller vers la concrétisation de ladite convention « .
De son côté, Salah Djnouhat, de la direction nationale de l’UGTA, affirmera que la convention est majoritairement appliquée dans le secteur public, pour étayer ses propos, il citera l’exemple de la Fédération de la sidérurgie, métallurgie et électricité qui a procédé, après la signature d’une conventions de branche, à des augmentations variant entre 10 et 18%, selon les secteurs d’activités et touchant pas moins de 60 000 travailleurs. Les deux entreprises restantes signeront leurs conventions au cours de la semaine prochaine.
Un autre cas est mentionné par Kamel Benabou, président de la Fédération de l’agroalimentaire, qui avancera que 40 % des travailleurs ont eu droit à des revalorisations de leurs salaires de l’ordre de 10 à 15% mais que le chiffre n’a pas pu être plus important, en raison des difficultés économiques et des prix faramineux de certaines matières premières, telles la poudre de lait. Une situation qui nous mène, ajoutera-t-il, à des entreprises déficitaires, voire menacées et donc, à une augmentation problématique. Les augmentations dans le secteur privé sont insignifiantes. En ce qui concerne le dernier, M.Djnouhat signalera que la mise en œuvre des augmentations est vraiment » insignifiante « , mis à part quelques secteurs d’activités. Raison pour laquelle, le ministre du Travail, Tayeb Louh a adressé une instruction aux inspections du travail afin qu’elles veillent sur le relancement du processus de revalorisation salariale. Toutefois, M. Benbouzid précisera que les inspections du travail ne peuvent imposer aux organisations patronales de procéder aux augmentations, mais tâcheront de les sensibiliser sur la nécessité de procéder aux négociations au sein des entreprises et de les accompagner dans ce processus. Même si elles sont tenues par un accord de principe d’une hausse d’un minimum de 10% et d’un maximum de 20 %, l’application ne deviendra obligatoire qu’une fois les négociations internes finalisées.
Quelques présidents d’organisations patronales ont eu à s’exprimer également sur cette question salariale et évaluer l’avancement du processus d’augmentation. Entre le président de la CNPA, M.Naït Abdelaziz qui notera qu’il n’existe pas de date-butoir pour l’application de la convention et Habib Yousfi à la tête de la CGEA qui attend la refonte du Code du travail, seule la CAP, de Boualem Marrakech, a pris certaines dispositions et a réussi à augmenter approximativement 20 % de ses effectifs.
H.Hayet
