Elle aurait pu et dû, si ce que l’on appelle aujourd’hui un POS (Plan d’occupation des sols) avait été établi à temps et respecté, devenir l’une des plus belles villes du pays. Véritablement “la perle de l’Afrique du Nord” selon la qualification que lui a attrbué le duc Habsourg d’Autriche. Mais c’est bien dommage. Hormis les zones de Sidi Ahmed, d’Ihaddaden et les cités Tabbal et Seghir où les normes urbanistiques semblent quelque peu respectées, bien que les voitures éprouvent toutes les peines du monde à y circuler, vu l’étroitesse des rues, le reste n’est que la métamorphose des anciens bidonvilles, faits de bric et de brac à la hâte par les réfugiés qui fuyaient leurs villages brûlés au napalm durant la guerre de Libération nationale, en constructions illicites et anarchiques.
La zone industrielle qui est implantée sur les terres les plus fertiles et qui est maintenant entourée d’habitations, Béjaïa la porte comme une plaie au milieu du visage.
Le drame dans tout cela c’est que personne parmi les autorités en charge du secteur de l’urbanisme ne semble prendre conscience de la gravité du problème des constructions illicites. Et même si on en parle de temps à autre à l’occasion de tables rondes ou de journées de vulgarisation personne n’a à cœur d’y mettre le holà à tous ceux qui sans autorisation sans ce moindre plan, érigent sans se préoccuper des voies d’accès à leurs demeures et celles des autres, de vrais buldings du côté de Tizi Ihaddadène Oufella, de Sidi Bouderhem, de Aïn S’khoune ou de Dar Nacer.
Dans cinq à dix ans, des villes entières seront édifiées sans infrastructures d’accampgnement et sans voies d’accès, les responsables chargés aujourd’hui de superviser l’expansion de la ville et du respect des normes par les constructeurs évoqueront sans doute les construction illicites en termes de mal nécessaires ou de fatalité.
Pour justifier la cherté souvent exagérée des prix des logements à Béjaïa, les promoteurs immobiliers avancent, et c’est là leur argument imparable, le manque voire même l’absence de terrains à bâtir, voulant faire croire par là que Béjaïa a atteint ses limites d’agrandissement. Or rien n’est plus faux quand on pense à Sidi Bouderhem, à Boukhiama, à Amtik jusqu’à la limite de la commune de Toudja et toute la côte Ouest.
Il y a là, en effet, où construire plusieurs autres villes de la superficie de la Béjaïa actuelle. L’inconvénient est seulement que les terrains sont parfois en pente et surtout ils appartiennent à des particuliers. Qui à cela ne tienne, souligne un responsable de la wilaya, un grand promoteur immobilier qui ajoute que les propriétaires ne demandent qu’à être dédommagés de la perte de leurs biens et les terrains qu’à être terrassés et viabilisés. Cela nécessitera sans doute un peu plus d’argent mais les constructeurs n’auraient plus à avancer l’argument massue de ce manque du foncier.
L’autre souci qui tourmente leur ville de Béjaïa a trait aux ordures ménagères. La décharge publique de Boulimat qui pose plus de problèmes qu’elle n’en résout, vu qu’elle se situe dans une zone touristique et dans le périmètre du parc national de Gouraya, les responsables qui estiment qu’il est impératif de la délocaliser, optent pour une décharge intercommunale. C’est une solution idéale pour les localités limitrophes concernées sauf pour celle dont la décharge est prévue sur son territoire. Les discussions à ce propos sont toujours en cours.
L’idée de création d’un CET (Centre d’enfouissement technique) qui a été retenue, il y a cinq ou six ans n’est pas encore concrétisée, le comble est qu’au moment où beaucoup de citoyens pensent que le CET est en fonctionnement, les responsables chargés de sa mise en place semblent ignorer jusqu’à son terrain d’assiette.
L’autre grain de sable qui ralentit la solution aux problèmes posés par les ordures ménagères est qu’il n’existe aucune coordination entre les services de l’APC et ceux de l’environnement. La circulation automobile en été étouffe littéralement Béjaïa, toutes les rues et ruelles sont bloquées de voitures. Pour se rendre d’une côte à l’autre, c’est-à-dire de Tichy à Boulimat, les conducteurs les plus hardis mettront deux heures au moins, tant les carrefours des Quatre chemins et d’Amriou sont saturés de voitures.
Le PDAU (Plan directeur d’aménagement urbain) prévoit pour solutionner ce problème la création d’un périphérique qui reliera les nationales 9,75,12 et 24 et qui passera pas Sidi Bouderhem et Boukhiama et qui aura de nombreux pénétrants. Le plan a également retenu, toujours pour désengorger la circulation en ville des trémies aux carrefours des Quatre chemins, d’Aamriou, et de Nacéria. A long terme pour rejoindre la côte Ouest sans avoir à traverser la ville, il est même envisagé le creusement d’un tunnel à travers Gouraya. Le même PDAU, projette l’extension de la ville le long de la côte Ouest, à partir de l’actuelle décharge publique de Boulimat qui sera d’ici-là bien entendu délocalisée.
B. Mouhoub