Un parcours et des productions

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“Mon engagement a toujours été pour la langue”. C’est en ces termes et dans un kabyle très soigné que Oubagha Hamid, professeur de mathématiques à l’université de son état et auteur de “Nuja d Kra n tmuccuha-nniden” et de “Adlis n Rghuri” (Editions Baghadi), tente d’expliquer son parcours depuis la prise de conscience de la problématique identitaire sur fond d’amalgame socialisme, berbérisme et arabo-baâthisme caractérisant l’environnement estudiantin des années 80. Son intérêt précoce pour Taqbaylit est d’ordre plutôt plus affectif qu’intellectuel. Cela trouve peut-être son explication dans le fait qu’il est né et a évolué à Alger, un environnement arabophone, alors, hostile, voire agressif, à la revendication amazighe. En somme, cette frustration, que du reste ressentent plus les Kabyles nés et installés dans les régions arabophones du pays, l’aurait poussé dans les retranchements linguistiques. A ce propos, un penseur écrit : “La langue est tout ce qui reste pour celui qui est privé de sa patrie. Mais la langue, il est vrai, contient tout”. En fait, Oubagha H. n’est pas “le portrait parfait du bon militant berbère. D’ailleurs il le revendique en s’inscrivant contre les caricatures et la “cataloguisation” des parcours. Même s’il reconnaît la “légitimité” des idéologies, il refuse de se reconnaître dans une dimension idéologique subissant le plus souvent les aléas de l’effet de mode. Mais comment peut-il en être autrement quand ses références en la matière sont Mouloud Mammeri et Ramdane Achab ? Et ces deux Imsnawen justement ont été et sont toujours l’exemple de dévouement et de générosité auxquels se réfère tout au long de l’entretien H. Oubagha. Et c’est justement leur exemple qu’il suit sur le terrain de l’action associative et sur celui de la production. En effet, il préside l’association Tadukla Tadelsant Irmedyazen d’Alger, la seule association qui, à notre connaissance, assure l’enseignement de Tamazight à distance et qui, apporte une aide concrète aux jeunes auteurs à l’exemple de Ghania Khouchi, l’auteur de “Tizimmert n ifetta”, un recueil de contes édité chez Baghdadi et qui se veut une suite de “Nuja d kra tmucuha-nniden U1 (numéro 1)”. Les deux recueils et contrairement à la déferlante épidermique de néologismes purs et durs, nous réconcilie avec le bon vieux kabyle de nos grands-mères. Les deux ouvrages nous invitent surtout à savourer “Nuja d kra tmucuha-nniden” et “Tizimert n Ifetta” autour d’un “kanoun”. L’enseignant de mathématiques à l’université qu’est H. Oubagha trouvera aussi le temps pour “commettre”, “Adlis n Tghuri”, une autre publication destinée au monde scolaire, c’est-à-dire un public averti. Le livre, un recueil de textes d’auteurs, retient un amawal (lexique) et des isteqsiyen (des questions de compréhension). Ce support pédagogique qui vient enrichir la bibliographie scolaire n’est pas, lui aussi, chargé de néologismes et présente une variété de textes à même de permettre à l’enseignant d’atteindre l’objectif qu’il s’est assigné.

T. Ould Amar

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