L’œuvre inachevée d’un jeune artiste

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Il fait partie des jeunes qui ont marqué leur génération. Même s’il a quitté ce monde à l’âge de 16 ans, Billal a laissé des nouvelles, des pièces de théâtre, des poèmes et des écrits dans la presse. Billal Zirem est né le 17 décembre 1990 dans la commune d’Akfadou à Béjaïa (Kabylie). Il est mort le 20 juin 2006 à l’hôpital de Sidi Aïch où il a été évacué en urgence par son père après un malaise lors d’un match de football. Studieux et brillant élève à l’école, Billal obtenait des prix chaque fin de trimestre. Il manipulait l’informatique et l’électronique. C’était un enfant très intelligent et qui voulait sans cesse apprendre et découvrir les secrets de la vie, une vie qui sera, pour lui, si courte et si mouvementée. Fils du célèbre journaliste et animateur de la B R T V (télévision Berbère), c’est aussi le cousin du journaliste-écrivain Youcef Zirem. Billal ne pouvait pas résister à « la tentation de la plume » car c’est plus qu’une tradition dans la famille. Très jeune, il écrit des poèmes, des pièces de théâtre et des nouvelles. Ce jeune artiste a même interprété certains de ses textes théâtraux sur scènes durant des fêtes scolaires. Billal était un journaliste en herbe. Il collaborait dans le quotidien national arabophone Djazaïr News que dirige l’écrivain H’mida Layachi. D’ailleurs, à l’occasion du 40e jour de son décès, ce journal lui consacré une page entière (voir Djazaïr News du 27-08-2006 en page 23). Les gens qui ont connu ce jeune génie pensent qu’il était devenu adulte avant d’être enfant. « Il avait des qualités humaines extraordinaires : très intelligent et d’une bonté exemplaire, il s’est distingué dans des actions d’intérêt général (réconciliations de voisins en conflit…). Billal Zirem était estimé par ses camarades et par les adultes qui voyaient en lui quelqu’un de différent. Il aimait son prochain et respectait tout le monde. C’était vraiment un être unique. Lorsqu’il a eu l’examen d’entrée au collège, il m’avait confié ceci : « Enfin, je suis soulagé et je pourrai rêver. Peut-être que je ferais l’université, comme tous mes proches ? » “Je n’oublierai jamais celui qui m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses », témoigne l’un de ses proches. Lors des évènements du Printemps noir de Kabylie, le père de Billal, Kamel Zirem, a investi corps et âme le mouvement citoyen, en s’occupant pleinement. Son fils voulait lui emboîter le pas et prenait part aux marches et meetings de contestations. Billal a même assisté à quelques conclaves du mouvement populaire. A la mort de ce jeune surdoué, l’intercommunale de la willaya de Béjaïa lui a rendu en vibrant hommage lors d’un concave organisé à la salle des fêtes Youcef-Abdjaoui. Le jeune enfant au sourire intarissable était aussi un bon sportif. Il a évolué en minimes comme gardien de but au club de la SSSA de Sidi Aïch. Il était un fervent supporteur de la JSK. Lors d’un derby JSMB-JSK à Béjaïa, Billal a approché les joueurs qu’il admirait énormément et a profité de cette opportunité pour prendre des photos avec son idole, le célèbre gardien Lounès Gaouaoui. L’été précédent, l’association d’Aourir Ath Hsyen et la commune d’Akfadou ont organisé un tournoi de football intervillages en hommage au regretté sportif. Billal était attaché à la spiritualité et se consacrait à la religion musulmane. Grâce à son grand père, Hadj Ali, il devint pratiquant et se consacra aux actes de charité et de solidarité. Durant le mois de Ramadan de l’année passée (2006), l’association religieuse de la Zaouïa Sidi M’hand Rezzag a organisé un concours religieux en hommage à cet enfant hors pair, qui est omniprésent dans leur cœur. « Billal a eu une vie courte mais riche en évènements. Je voudrais à l’avenir publier un livre sur sa vie. Aucun jour ne passe sans qu’on évoque son nom et ses gestes. Il nous a laissé un grand vide. Lors de son enterrement, des centaines de personnes sont venues lui dire adieu. Billal est toujours parmi nous. J’implore le bon Dieu pour qu’il puisse l’accueillir en son vaste paradis. Un jour, si mon livre paraît, les gens liront les écrits de mon fils et sauront qui est cet enfant extraordinaire. Qu’il repose en paix », témoigne son père Kamel, les larmes aux yeux. Aujourd’hui, Billal Zirem ne fait plus partie de notre monde mais il est au ciel de l’éternité. Ses écrits et ses créations inachevés feront parler de lui. L’auteur de la fameuse nouvelle Le chasseur et le singe sera gravé dans la mémoire de ceux qui l’ont connu et de ceux qui le découvriront à travers son art. Mourir ainsi c’est vivre. La vie n’est-elle pas courte et furtive ? Peut-être que le suprême degré du bonheur dans notre existence est dans nos quêtes artistiques. Des quêtes qui nous laisse décrypter les mystères de la beauté et nous invitent à un incommensurable voyage loin du temps et de l’espace.

Yasmine Chérifi

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