L’éradication définitive des bidonvilles en question

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Le visiteur qui aura à sillonner les artères grouillantes de la ville de Boghni sera sans doute charmé par le look splendide de la ville avec ses somptueuses constructions et ses multiples commerces luxueux.

Hélas, au centre-ville même, juste en bifurquant d’une rue principale vers un quartier populaire, la différence de spectacle est ahurissante.

En effet, les efforts consentis par les responsables locaux, jugés insuffisants par les citoyens, n’ont pas pu arriver à bout de l’habitat précaire. Paradoxe incompréhensible : le nombre de familles habitants dans les bidonvilles et qui était moins d’une centaine à la fin des années 80 passe en 2006 à plus du double. “Aucune politique cohérente pour l’éradication des bidonvilles n’a été engagée dans la ville de Boghni”, nous a confié un élu local qui précise que les différents responsables qui se sont succédés à Boghni se sont contentés de “solutions intermédiaires”. Celles-ci coûtent moins cher, mais elles ne sont pas radicales, et de préciser sa pensée en montrant du doigt le cas de la cité Chouhada située au centre-ville. “C’est un bidonville qui date de l’ère coloniale. De hauts cadres de l’Etat, en visite à Boghni dans les années 70, avaient promis sa démolition, pourtant en 2006. Il est toujours là, à refléter l’état hideux de la ville. Ainsi que les conditions humaines dans lesquelles vivent certaines familles depuis leur déportation en 1958, par l’armée coloniale, de leur village natal, notamment de Béni Kouffi”, précise-t-on encore.

D’autres poches d’habitats précaires sont également disseminées aux quatre coins de la ville. A la cité HLM, par exemple, après son incendie dans les années 80, la majorité de ses occupants avaient été recasés à la cité des

200 Logements. Le même constat que pour la cité Chouhada. A défaut d’être rasée définitivement, d’autres occupants continuent de perpétuer le bidonville en occupant le site.

“Nous avons un projet de 60 logements sur le site dans le cadre du logement social participatif (LSP). Le problème qui bloque sa réalisation est le recasement des 24 familles le temps de l’édification de l’immeuble”, a précisé Belkacem Amroun, 3ème vice-président de l’APC de Boghni.

Le troisième cas notable est celui de la cité Base vie située à la sortie sud de la ville et qui compte 38 familles.

Le terrain d’assiette de ce site appartient à un particulier qui se dit “prêt à le céder” au profit exclusif des résidants. Délimité en 42 lots, les 4 portions en plus seraient, d’après notre source, rajoutées à celles des familles les plus nombreuses. Ici, le problème rencontré est celui relatif au choix du modèle de construction. Entre une construction collective, concept que prône l’APC et la construction personnelle, les concernés ont finalement opté pour la deuxième, option acceptée par la majorité. Dans l’attente de la réalisation de ces projets, Boghni se défigure de plus en plus. L’exécutif en place, armé de bonne volonté, viendra-t-il à bout de ce cauchemar ? Le proche avenir nos répondra.

Ali Khalfa

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