Suicide d’un homme par pendaison

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Décidément, le mois de février de cette année tend à enregistrer un record macabre dans la wilaya de Bouira. Les suicides se succèdent, ne s’expliquent et ne se comptent plus. En effet, le mercredi 21 février vers quinze heures, un homme de cinquante-huit ans, Ali Chachoua s’est donné la mort en se pendant à un olivier au lieudit M’derhmine non du village d’Aomar-centre.

Ce geste désespéré semble avoir pour raison la situation dramatique et intenable dans laquelle il s’est retrouvé après avoir, pour des raisons sécuritaires, abandonné sa maison dans un hameau de la commune d’Aomar. Il avait, dans un premier temps, habité une maison de fortune dans la commune de Boumerdès avant de revenir à Aomar occuper celle que son cousin lui avait prêté. Mais voilà que depuis plusieurs mois ce dernier ne cesse de lui réclamer sa restitution. N’ayant certainement pas où aller, le suicidé acculé s’était retrouvé dans l’impossibilité de déménager. Cette situation l’avait déprimé à tel point qu’il avait dû séjourner pour soins quelques temps à l’hôpital psychiatrique de Oued Aïssi à Tizi Ouzou. Pris pitié par ses voisins, à sa sortie de l’hôpital, plusieurs d’entre eux lui avaient proposé leur aide pour l’aider à construire une petite maison qui lui permettrait d’avoir un toit pour lui et sa famille. La déprime ayant pris le dessus, il n’a jamais entamé les travaux de construction.

Voulant récupérer son bien, il y a quelques jours, son cousin serait revenu à la charge et l’aurait sommé de quitter les lieux. Ne pouvant certainement pas le faire en cette période hivernale avant d’avoir trouvé un autre toit, même provisoire pour sa famille, il a dû, en désespoir de cause choisir le suicide comme solution pour ne pas assister impuissant à l’expulsion de sa famille et ne pas voir ce qui adviendrait d’elle une fois mise à la rue. Alertés par des jeunes qui ont découvert le drame, accompagnée des pompiers, les gendarmes se sont aussitôt rendus sur les lieux. Une enquête est ouverte pour déterminer les raisons exactes de ce geste désespéré. Le corps du défunt a été transporté à l’hôpital de Lakhdaria pour y subir une autopsie.

Un malheur vient de s’ajouter au drame que vit déjà cette famille. Les conditions déplorables dans lesquelles elle s’est retrouvée sont, malheureusement, vécues par beaucoup d’autres. Pour que cela n’arrive plus, pour ne plus vivre de telles tragédies, il faudrait que les consciences de nos dirigeants s’éveillent pour prendre effectivement en charge les problèmes des citoyens pour qui l’avenir fait de plus en plus peur. Mais il faut aussi espérer que ces gestes de désespoir ne soient plus vus, par ceux qui seraient tentés de les faire, comme une solution à leurs problèmes. Ils ne règlent rien. Bien au contraire, ils compliquent et fragilisent la vie des leurs qui se retrouveront, du jour au lendemain, livrés à eux-mêmes.

Ahmed Chibani

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