A l’approche du rendez-vous électoral du 17 mai, terroristes et repentis tentent de rebondir, à cette différence près, que les premiers signent un regain de violence et les seconds tentent vainement de se redéployer sur l’échiquier politique. Même si les méthodes diffèrent, l’objectif est commun : un Etat théocratique. Dans ce contexte, l’opinion s’interroge quant à un éventuel retour des anciens dirigeants du parti dissous, mais aussi des chefs des groupes armés sur la scène politique.
Pour les autorités, la chose est claire : c’est non. Elles l’ont réaffirmé récemment, notamment, par la voix du ministre de l’Intérieur et le ministre délégué chargé des Collectivités locales, M. Dahou Ould Kablia. Ce dernier a indiqué, lundi, que l’interdiction n’émanait pas de leurs cabinets respectifs mais des lois qui régissent ce cas précis, faisant allusion aux dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. M.Ould Kablia a déclaré que « les responsables du FIS dissous et les repentis ne pourront en aucun cas, participer à la vie politique du pays et cela est stipulé notamment dans la disposition N°26 de la charte sus-citée ».
Réagissant à ces propos, le tristement célèbre ex-émir de l’ex-AIS, Madani Mezrag, a, proféré des menaces directes à l’encontre du pouvoir, au cas où celui-ci l’empêcherait, lui et ses acolytes, de participer aux prochaines législatives. En effet, Madani Mezrag a affirmé au quotidien Djazair News que dans le cas où ils seraient interdits de candidature, ils « adopteront une autre attitude à l’égard du pouvoir ». Ne s’arrêtant pas là, il s’en est pris au courant nationaliste et ses manœuvres contre les dirigeants de l’ex-AIS. Il exploite et interprète, selon lui, les dispositions de la Charte à sa faveur, en vue de leur interdire la réinsertion politique.
Plus loin, Madani Mezrag affirme, à propos des prochaines élections, que « le pouvoir et les courants nationaliste et occidentaliste tentent de porter un coup au projet de société que nous incarnons et manœuvrent afin de nous empêcher de participer aux prochaines consultations électorales ». Il a refusé en outre que son cas et celui de ses acolytes soit concerné par les dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, considérant son organisation comme signataire d’un accord officiel avec l’Etat, stipulant clairement la garantie de leurs droits civils ce que les autorités n’ignorent pourtant pas. Il a réfuté, en outre, la thèse selon laquelle l’accord de trêve contenu dans ledit décret, ait une quelconque relation avec les dispositions de la Charte, faisant allusion aux propos tenus par Belkhadem, Yazid Zerhouni et Ould Kablia. Madani Mezrag considère, par ailleurs, qu’il s’agit là d’ »un amalgame volontaire découlant des positions floues des courant nationalo-occidentalistes ». Selon lui, « le courants nationaliste se contredit en soutenant d’un côté la Charte, la Concorde civile et l’initiative de la trêve, et en refusant d’autre part, leur retour à la vie politique ». Cette contradiction, estime l’ancien émir islamiste, « prouve leur crainte de se voir perdre leur réservoir électoral, au profit d’un soutien large à notre vision de la société … ».
Madani Mezrag n’a pas hésité à tenir un langage menaçant, en déclarant : « si nous ne participons pas aux élections du 17 mai, nous auront une autre attitude avec le pouvoir ». A la question de savoir s’il s’agit de menaces ? L’intéressé répond : « on le saura le moment opportun », laissant ainsi le champ libre à de multiples interprétations. Il a qualifié les prochaines consultations de décisives dans les relations pouvoir- ex-FIS et son aile armée. Car « soit le pouvoir est l’incarnation d’institutions fiables, de droit, soit c’est un Etat de lobbies, d’intérêts et de clans et dans ce cas, assène-t-il, on aura un autre discours ».
Par ailleurs, Nourdine Yazid Zerhouni a déclaré, dans un point de presse, en marge des travaux des Assises nationales de l’industrie au Palais des Nations, que les derniers attentats terroristes commis en Kabylie “ne sont qu’une vaine tentative de démonstration d’existence, et que l’Etat continuera la lutte contre le terrorisme”. Il a minimisé, en outre, la portée de ces attentas en affirmant qu’il n’y a rien de plus simple que de poser une bombe. Cela reflète, d’après lui, le désarroi dans lequel se trouvent actuellement les terroristes, ajoutant que l’allégeance à la nébuleuse d’Al Qaida ne changera rien.
Yassine Mohellebi