L’écrivain Youcef Zirem plaide pour le rapprochement des peuples français et algérien

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Peut-on tisser un lien d’amitié entres les peuples des deux rives de la Méditerranée ? Certains intellectuels pensent que ce n’est guère une utopie. « Il est temps de rapprocher les peuples français et algérien », écrit l’écrivain et intellectuel algérien Youcef Zirem dans le blog de la rédaction, du grand média français, Ouest France du lundi 12 février 2007.

Comme Albert Camus, l’auteur de Autrefois la mer nous appartenait croit au changement de l’ordre établi et milite pour que les humains se rapprochent davantage. « Il se passe des choses en Algérie. Le pays, toujours sous état d’urgence (depuis février 1992), sort difficilement de la guerre civile mais la culture veut reprendre sa place. Grands lecteurs de journaux, les Algériens achètent aussi des livres quand leur pouvoir d’achat, réduit, le leur permet. Ils lisent plus de livres en langue française et pourtant l’école est maladroitement arabisée, il y a belle lurette. On avait dit, au début des années soixante-dix, que les écrivains algériens de langue française étaient condamnés à disparaître. Mauvaise prévision : ils sont de plus en plus nombreux à écrire dans cette belle langue française, butin de guerre pour reprendre Kateb Yacine, l’auteur inspiré de Nedjma. Certains sont publiés en France, d’autres, nombreux et parfois valeureux, voient leurs oeuvres sortir en Algérie même. Mustapha Benfodil, Ali Malek, Chawki Amari ou encore Nacera Belloula racontent leur pays avec panache et poésie. Souvent, ils continuent les quêtes multiples de Kateb Yacine et des écrivains de sa génération, tels Malek Haddad, Mohamed Dib et Mouloud Mammeri. »

Aujourd’hui on n’ose pas parler de ce qui peut libérer l’homme de la haine et de l’hypocrisie. Etre à l’écoute de son prochain et l’aider, tout en ayant un échange positif avec lui, n’est guère un rêve lointain. Même s’il vaut mieux être un rêveur fou qui espère dans la condition humaine que d’être un lâche qui désespère des évènements comme le dit si bien l’auteur de l’Etranger. « En France, Boualem Sansal, Yassir Benmiloud, Yasmina Khadra, Mourad Djebel et tant d’autres se sont vraiment imposés sur la scène littéraire. On est donc en face d’une énigmatique percée de la langue française en Algérie. A l’occasion du 13e Maghreb des livres de Paris (qui met l’Algérie à l’honneur), il est intéressant de voir qu’au moment où les discours politiques (et souvent politiciens) produits à Alger ou à Paris se font plutôt boudeurs”, la langue française continue le rapprochement entre deux peuples qui ont, en commun, une longue histoire d’amour et de haine.

Mais l’amour prend toujours le dessus sur la haine, tôt ou tard… “C’est, en tout cas, ce que nous apprend l’attachement que les Algériens portent à la langue française, à la culture française dans son ensemble. Il est temps d’aller vers un vrai rapprochement entre les peuples français et algérien. Il est temps de dépasser ce niveau de relation restreint aux animateurs des gouvernements des deux pays. Il manque, peut-être, aujourd’hui, des écrivains de la trempe d’Albert Camus, capables, avec leur humanisme et leur talent, d’imaginer les rivages de l’harmonie et de l’entente totale. Algérien avant tout, Albert Camus est enfin revenu vers les siens, vers les enfants de sa terre natale : désormais, on voit l’auteur de Noces d’un autre oeil du côté d’Alger, de Bougie ou d’Oran. Il est loin le temps où on se limitait à un bout de phrase prononcé en Suède. C’est de bon augure. A défaut de cet homme providentiel, le renforcement des relations culturelles entre l’Algérie et la France peut constituer un prélude heureux aux véritables retrouvailles franco-algériennes, dans tous les domaines », estime l’ex journaliste d’Alger-Républicain.

Comme Yacine et Camus, Zirem a fait ses premiers pas journalistiques. Une belle coïncidence. Le militant des droits de l’homme Youcef Zirem est auteur, entre autres d’Algérie, la Guerre des ombres (éd. le Grip Complexe, 2002) ; des Enfants du brouillard (éd. Saint Germain des Près, 1995) ; de L’âme de Sabrina (éd. Barzakh, 2000) ; de La vie est un grand mensonge.

En outre il a dirigé la rédaction de l’hebdomadaire, Le Kabyle de Paris. Un artiste sincère ne peut jamais rester indifférent face à ce qui se passe autour de lui.

C’est un témoin de son temps. Maintenant, en Algérie et partout dans le monde l’argent a, presque, supplanté les valeurs les plus nobles.

Les conflits qui sévissent dans beaucoup de pays, font éloigner l’homme de ses pairs. L’initiative de rapprocher les peuples est plus qu’indispensable.

Yasmine Chérifi

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