Hocine Benhamza publie ses mémoires

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Ces dernières années beaucoup d’Algériens écrivent leurs mémoires. Une louable initiative pour passer de l’oralité à l’écrit. Publié par les éditions de Paris en France, dans un livre volumineux (470 pages), les mémoires de Hocine Benhamza sont un long plaisir à parcourir.

Cet homme qui a la plume facile est né en 1930 en Haute Kabylie, fils d’un officier de spahis qui, de ses dix enfants, « voulait faire de bons Français », a découvert la démocratie dans les réunions de tajmâat, le comité de village, les valeurs républicaines à l’école française et l’idéalisme au collège des Pères Blancs d’At Yenni. Il présente, dans ce livre, un témoignage authentique sur 70 ans d’histoire de l’Algérie.

Orphelin de père à l’âge de 17 ans, obligé de travailler pour aider sa famille à survivre, licencié de son premier emploi pour activités subversives, il découvrira, pendant un an, la vie d’un douar déshérité de l’Ouarsenis puis, de nouveau en Kabylie, les brimades de son patron, un receveur des impôts. Tôt engagé dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, il devient l’agent de liaison du grand homme de la révolution algérienne feu Krim Belkacem, qu’on nommait souvent : le prestigieux chef du maquis kabyle qui, après avoir cosigné en 1962 les accords d’Evian, sera assassiné en 1970 dans des circonstances pleines d’ombre et de brouillard. Devenu douanier en Algérie, Hocine sera arrêté en juin 1955 pour participation à la guerre de Libération.

Il connaîtra les « interrogatoires poussés », les cellules de la prison civile d’Alger puis le camp d’internement de Paul Gazelles, à la lisière du Sahara.

Le cessez-le-feu du 19 mars 1962 le conduira auprès du président de l’Exécutif provisoire après une formation, à Paris, à l’END (l’Ecole nationale des douanes) puis dans un centre rattaché à l’ENA (Ecole nationale d’administration). L’indépendance fera de l’homme infatigable un éphémère directeur des Douanes algériennes. A la fin 1964, ne pouvant consentir « les mauvais choix politiques » des nouveaux dirigeants, il s’installe en France où il fait des études de sciences économiques tout en travaillant. En 1970, il retourne en Algérie avec l’espoir de contribuer à l’édification d’une société juste et prospère.

Il occupe un poste intéressant : haut fonctionnaire pendant 18 ans, puis il prend la mesure des conséquences désastreuses du « collectivisme et de l’arabo-islamique ». A l’âge de 58 ans, il prend sa retraite avec un goût amer d’inachevé.

Depuis, il partage son temps entre la France et l’Algérie, parfaitement à l’aise dans ces deux cultures, la kabyle et la française. Les passerelles entes les deux rives de la Méditerranée se réinventent sans cesse.

Y. C.

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